L’ile de La Palma, la bonita des Canaries
le 22/03/2017
Encore largement méconnue des Français, l’île de l’éternel printemps s’ouvre prudemment au tourisme. Elle offre une nature préservée, des volcans aux formes étranges et de magnifiques chemins de randonnées. Découverte...
Par Emmanuel Gabey
Petite île de l’océan Atlantique en forme de cœur posée dans la partie nord-ouest de l’Archipel des Canaries, La Palma ou encore l’Isla Bonita (l’île jolie) - pour ne pas la confondre avec ses homonymes-, regroupe dans un petit espace de 700 km2, une vaste chaine de volcans élevés, des petites plages de sable noir, des coulées de lave. Mais aussi une étonnante forêt humique, le Bosque de Los Tilos où s’épanouissent des lauriers et des fougères endémiques. Sans oublier, au sud, des champs de bananiers (la moitié de l’espace cultivé de l’ile) qui dévalent vers l’océan, toutes sortes d’arbres fruitiers, orangers, pamplemoussier, avocatiers et de splendides vergers d’amandiers.
Les variations d’altitudes, de conditions climatiques et de végétations ont modelé un milieu naturel privilégié, classé depuis 2002, comme d’ailleurs l’ensemble de l’ile, Réserve de la Biosphère par l’Unesco. Elle doit sa luxuriance à la fraicheur de alizés qui butent sur les hauteurs de l’ile et se condensent en nuage. Cette humidité presque constante, a permis la préservation de plusieurs espèces endémiques de fougères dont la taille gigantesque semble parfois irréelle.
L’île des randonneurs...
Dans cette ile-culte des randonneurs, il y en a pour tous les goûts et toutes les résistances. Depuis les chemins les plus difficiles jusqu’aux promenades de santé. Pour les plus célèbres d’entre eux, il faut mentionner le fameux GR 130 qui, en neuf étapes, parcourt en totalité le pourtour de l’ile, et le GR 131, « El Baston », en raison de sa forme de bâton de berger, que l’on explore en quatre étapes dont la route des crêtes et la route des volcans, auxquels il faut ajouter une bonne quinzaine de chemins de randonnée d’une journée qui innervent la totalité de l’ile.
Mais l’incontournable de cette île est, bien sûr, le parc national de la Caldera (chaudron ou encore chaudière) de Taburiente (4700 ha), immense cratère d’érosion de 8 km de diamètre, d’une circonférence de 28 km et de 600 mètres de profondeur, qui occupe tout le cœur de la moitié nord de l’ile, et qui est parcouru par de nombreuses sources, cascades et cours d’eau. Il s’agit d’une imposante montagne volcanique qui s’effondra sur elle-même et, au fil des millénaires, l’érosion creusant ensuite un vaste cirque naturel C’est très spectaculaire mais à hauteur d’homme, on ne peut en mesurer véritablement l’ampleur. Et cette caldera ne se livre pas facilement. Le mieux est, peut-être, de faire la petite rando tout en descente jusqu’au belvédère de La Cumbrécita , à l’entrée sud de la caldera.
Sur ce chemin bien dégagé et entretenu, où l’on croise de nombreux randonneurs, la marche est facile. Ici et là, des blocs de lave affleurent, souvent recouverts de tapis des aiguilles de pins. Ces pins canariens, justement, enracinés sur les parois jusque très profondément dans la gorge semblent danser et chercher leur équilibre. Ils ont notamment la caractéristique, grâce à leur écorce très épaisse, de résister longtemps au feu, et une étonnante facilité de régénérescence. Ainsi, et les exemples sont nombreux, en moins de cinq ans ans, un pin brulé se régénère totalement et est de nouveau en pleine forme ! Sur certains, pendouillent des lichens vert clair, la « barbe de Moïse », dit-on ici. C’est le signe incontesté de la bonne qualité de l’air et d’une humidité satisfaisante.
Au détour du chemin, sur un petit muret, on découvre un véritable « jardin de cairns », ces petits tas de pierre de toutes tailles et plus ou moins à l’équilibre en pyramide posés par les randonneurs successifs pour matérialiser leur passage ou encore signaler la bonne direction.
Le belvédère lui-même, comme d’ailleurs tous ceux, nombreux, qui parsèment l’ile, offre un point de vue remarquable et spectaculaire sur des failles recouvertes de forêts de pins à perte de vue. Et là, l’on se sent comme flottant en l’air, au-dessus d’un cirque naturel gigantesque….
Autre rando sympathique et originale, celle au sud qui démarre de Las Tricas, au sud de l’ile et permet de découvrir une flore variée. Tout au long des cinq ou six kilomètres, on pourra découvrir des pissenlits géants, des bouquets de cactus énormes, dont les fruits parfois ont déjà goûtés par les oiseaux, des choux de la taille de petits arbres et des amandiers que l’on récolte de moins en moins car les amandes d’importation sont aujourd’hui vendues moins chers !
Arbre emblématique des Canaries au déploiement assez spectaculaire, mais en fait formé non de bois mais de fibres et appartenant à la famille des asperges, le dragonnier, dont les branches ressemblent à des écailles du dragon, a poussé ici en bouquet. Sa sève assez particulière, selon notre guide, aurait permis dans le temps de momifier les personnages importants de l’île. Au fil du chemin, on trouvera aussi, sens indéniable du commerce, des plateaux proposant des fruits et légumes avec une sorte de tirelire pour les régler et aussi, plus loin, une caisse de livres en allemand à acheter un euro pièce.
En fin de parcours, se découpant dans la paroi, on apercevra quelques grottes habitées par des étrangers qui ont décidé de poser ici leur sac voici une décennie ou plus. Et, signe de modernité pour certaines, elles bénéficient de l’énergie de cellules photovoltaïques.
Un gigantesque observatoire d’astrophysique...
Mais l’on ne serait pas complet sans mentionner une autre curiosité de La Palma : son observatoire d’astrophysique, situé tout au nord, au plus près des étoiles, au Roque de Los Muchachos (2426 m), point culminant de l’ile et qui regroupe une quinzaine de télescopes. Sa hauteur très élevée lui permet d’être au-dessus des nuages et d’avoir une qualité de l’air très pure. Le Gran Telescopio Canarias, installé en 2009, par son énorme diamètre de 10, 4 m le classe comme le plus grand télescope européen.
Il permet aux scientifiques européens installés sur place d’étudier la création et l’évolution des galaxies dans l’histoire de l’univers, d’observer les étoiles et les anneaux des corps célestes. Et en 2012, il a été reconnu première réserve Starlight de Unesco au monde. Car, loin de la lumière des centres urbains, La Palma est probablement l’endroit idéal pour regarder les étoiles, d’autant que les trois quart des nuits sont dégagées à Roque de los Muchachos.
Ainsi, de la découverte de ses forêts préhistoriques à l’observation de astres, la Palma fait décidément le grand écart dans le temps.
Pratique
- Décalage horaire : quand il est midi à Paris, il est 11 h à La Palma,- Saison : Printemps toute l’année,
- Y aller : pour voler aux couleurs de l’Espagne, Vueling : vols depuis Orly le mercredi et le samedi d’avril à octobre avec escale à Barcelone. Iberia Express : au moins un vol par jour via Madrid et pré-acheminement des grandes villes de province
Restaurants :
- Bodegon Taurenca, près de Fuencaliente. Creusée dans la roche décorée de rangées de tonneaux au mur et de jambons secs. On y déguste le fameux et excellent vin local malvasia.
- El jardin de sal, excellent restaurant de poisson juste en face des salines de Fuencaliente, au sud de l’ile non loin du phare. Site web : www.salinasdefuencaliente.com
Au bar-boutique Parada, à Fuencaliente, acheter le rhum et les cigares locaux et les délicieux macarons aux amandes fabriqués devant vous.
En été, l’observatoire d’astrophysique ouvre au public plusieurs télescopes mais il faut impérativement réserver à l’avance (site web : www.iac.es).
Guide à recommander aux marcheurs : www. lapalmaoutdoor.com
Pour l’observation des étoiles : www.adastralapalma.com. Elena Nordio connait le ciel comme sa poche et vous fera partager son amour des étoiles.
Site très pointu sur les sentiers de rando : www.senderosdelapalma.com et notre guide Rob à contacter directement à : sanyrob@hotmail.com
Guides : Evasion (Hachette) , Lonely Planet.
Pour les randos, le topoguide « L’ile de la Palma à pied » est très pratique et bien informé. Il est publié par la FFR, www.ffrandonnee.fr
Pour en savoir plus :
Consulter le site web : www.visitlapalma.es(Texte et photos : E.Gabey).
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