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L’Eastern and Oriental Express, un train au parfum de légende

L’Eastern & Oriental Express fait partie des trains de luxe hors du commun d’Asie. Il invite ses hôtes à un voyage extraordinaire entre forêts tropicales, rizières et temples dorés dans une ambiance très raffinée. Découverte…

A peine arrivé à Bangkok, on s’empresse de prendre le pouls de la mégalopole en se rapprochant des rives animées du Chao Phraya. Le meilleur moyen de transport pour percer quelques secrets de la ville, c’est d’emprunter un bateau bus, un peu comme à Venise, non pas pour sillonner les canaux mais les klongs et admirer les temples… Les nostalgiques ne manquent pas de faire une halte à l’Oriental, un palace qui fait partie de la légende et déploie ses fastes pour une clientèle cosmopolite aisée. Tout le caché littéraire de l’Oriental nous emmène sur les traces de Joseph Conrad, Somerset Maugham et tant d’autres. Sa magnificence d’autrefois brille toujours avec autant d’éclat.

L’Eastern & Oriental Express à fière allure…

16h, Gare de Hua Lamphong à Bangkok. Vingt-deux voitures habillées d’une livrée vert anglais et beige patientent sur le quai numéro 3. On ressent d’emblée le parfum qui caractérise les gares ferroviaires de Thaïlande. A peine, votre précieux sésame sorti de la poche : votre billet, et un porteur s’empare des bagages avec des gestes délicats. Il les conduit vers un train d’allure très ancienne. Devant ces voitures étincelantes, pas moins de quarante membres d’équipage sont alignés en uniforme. Ils joignent les mains en se penchant pour saluer les passagers qui approchent. Une ravissante hôtesse ondulant dans son sarong de soie rouge dirige les hôtes vers la voiture salon. On admire alors les boiseries et les bouquets de fleurs disposés sur les tables, devant des vitres protégées de voilettes, les tissus précieux, la moquette à dessins orientaux… Ambiance orientale et coloniale garantie.

19 heures, le voyage commence vraiment…

L’E&O quitte lentement la gare pour parcourir 2000 kilomètres. La ligne est bordée par des cabanes en tôles ondulées, des temples bouddhistes, plus loin, du linge sèche le long de la voie ferrée, le décor chaotique de la banlieue de Bangkok s’éloigne peu à peu. L’E&O est le seul train à rallier directement Bangkok à Singapour en traversant trois pays : la Thaïlande, la Malaisie et Singapour. Il emprunte tout d’abord la “Western Line” conduisant à Kanchanaburi où se situe le fameux site du pont de la rivière Kwai que l’on atteindra le lendemain matin. Nous vivons un voyage lent et donc un voyage de luxe diront certains et c’est bien vrai. Plus le périple traîne en longueur, plus l’expérience est savoureuse. La vitesse du convoi ne dépasse guère les 60 km à l’heure.

Un train… une belle histoire…

Après avoir siroté un cocktail, les passagers rejoignent leurs sublimes cabines. On remarque sur les draps brodés, une trousse de toilette Bulgari et un bloc de papier à lettre à l’en-tête du légendaire E&O. Les passagers se mettent sur leur trente et un pour aller dîner. Pas de doute, nous sommes au cœur d’un rêve, d’un voyage glamour… A bord de ce train d’élégance cosy, on se prend à rêver mais revenons sur sa naissance. Si ce train circule en Asie du Sud-Est, c’est par la volonté de James Sherwood, le milliardaire américain qui a relancé la mode des trains de luxe au fil des années 80. A l’origine, ce train fut construit par les japonais dans les années 70 pour le compte de la Nouvelle-Zélande, qui avait baptisé ce train “Etoile d’Argent”. Après le rachat de celui-ci par la compagnie Orient-Express, les voitures de l’E&O ont été “relookées” au début des années 90 par le décorateur français Gérard Gallet. Il s’est inspiré pour leur donner vie, d’un train imaginaire, le “Shanghai Express” tiré d’un film de Joseph Von Sternberg avec Marlène Dietrich, qui a marqué Hollywood en 1932. Mais plus encore, l’habillage des voitures restitue celui de légendaire “Orient Express” qui traversait l’Europe dès la fin du 19e siècle. La décoration des parties intérieures est inspirée par l’Orient. Les murs des voitures sont décorés de placages de marqueterie aux dessins orientaux, le bar et le restaurant sont ornés de laque Chinoise et Thaï avec des motifs malais, des panneaux muraux Thaï et des miroirs gravés. Pratiquement tout le train est décoré à base de matériaux locaux.

Le logement à bord de l’Eastern & Oriental Express se décline en trois types de wagons : Suite Présidentielle, voitures lits dits “State Compartments”, voitures-lits Pullman. Toutes les cabines climatisées possèdent une salle bain attenante avec douche, w.c. et lavabo. Un steward veille au bien-être des hôtes jour et nuit. Il répond à tous les souhaits, sert le petit-déjeuner composé de viennoiseries, thés, jus de fruits frais… sur un magnifique plateau d’argent. Puis, chaque après-midi, il apporte thé et pâtisseries dans la plus grande tradition anglaise du “High tea”. Le tumulte de Bangkok semble déjà loin… on se trouve plongé dans la luxuriante végétation tropicale. Cocotiers et palmiers à huile bordent la voie ferrée. Comme au temps de l’Empire Britannique, on vit au coeur d’un voyage nostalgique et princier à travers la jungle et les rizières du Sud-Est asiatique.

Rivière Kwai en vue…

Le jour s’est levé depuis bien longtemps, il est à peine 7 heures et le train traverse peu après Wang Po, le pont de la rivière Kwai. Là même où durant la seconde guerre mondiale, les japonais avaient mobilisé 30 000 prisonniers anglo-saxons pour son édification. La plupart y laissèrent la vie. Initialement construit en bambous, plusieurs fois bombardé, le pont a été rebâti en dur. Un pont porté par de larges piliers de béton. Le train s’immobilise. C’est un peu le temps du recueillement… Des milliers d’hommes sont morts pour cet ouvrage succombant à la faim et la malaria durant les travaux ou utilisés comme boucliers humains lors des raids de l’aviation britannique. Seuls souvenirs de cet épisode tragique, un cimetière militaire et un petit musée qui reconstitue les conditions de vie des prisonniers.

La nature en version panoramique…

Le train reprend sa route… s’il y a une voiture où l’on se précipite, c’est bien dans la “panoramique”. De l’observatoire, tout à l’arrière, ouvert sur l’extérieur, ouvert sur les côtés pour apprécier les changements permanents du paysage. Le spectacle est majestueux. La jungle, les paysages tropicaux, les plantations de caoutchouc, les vénérables temples dorés, les rizières, les villages isolés défilent sous le regard attendri de tous… Tout y est ! La chaleur chaude et moite pousse les voyageurs à chercher la climatisation, à faire une sieste ou à prendre un cocktail de fruits. Parmi les nombreux plaisirs du voyage figure la rencontre avec les autres. La voiture panoramique, sans doute le wagon le plus populaire à bord, offre une parfaite opportunité d’échange et de détente avec son salon-bar dont le sol en parquet, les chaises et les sofas apportent une note très véranda coloniale.

L’E&O file… les populations locales saluent bien volontiers les passagers par des gestes amicaux. A bord, un diseur de bonne aventure officie et rencontre les voyageurs dans le compartiment bibliothèque. Il lit dans les lignes de la main et beaucoup se prêtent au jeu. Le train passe par des villes et villages aux noms aussi divers que Pranburi, Sawi, Thung Song…en Thaïlande avant une halte attendue de quelques heures à Butterworth en Malaisie. Là, les 130 passagers prennent le ferry de Butterworth à l’île de Penang et se répartissent en petits groupes pour visiter Georgetown et ses quartiers chinois, malais et indiens. Au programme une balade en pousse-pousse entre scooters et bâtiments de style victoriens.

Un rendez-vous art de vivre…

Après cette excursion, chacun retrouve avec bonheur l’ambiance feutrée de l’E&O et son personnel thaïlandais, malais, singapourien, européen toujours prêt à satisfaire nos envies, exigences et parfois caprices. L’après midi touche à sa fin, le soleil éclaire de ses derniers rayons la voiture observatoire et vient mourir sur le plancher en teck. Un barman fait tinter les glaçons dans son shaker, tout près le pianiste égrène des airs de Sinatra, Gershwin, Piaf, Elton John, Liza Minelli… pendant que les couples se désaltèrent autour d’un verre du fameux cocktail Singapore sling. L’heure du dîner approche. Les élégantes voitures restaurant Malaysia et Singapura accueillent, les femmes en robes longues et les hommes en smoking. Les tables sont dressées. Elles sont habillées de nappes blanches amidonnées sur lesquelles on a disposé l’argenterie et la verrerie en cristal. Chaque voyageur prend place délicatement dans de moelleux fauteuils en prenant soin de saluer son voisin. L’ambiance est plutôt conviviale. Le menu présenté par les serveurs à la prévenance proverbiale répond aux accents eurasiens. Tout est cuisiné à bord au sein de deux étroites cuisines sous la direction du chef français Yannis Martineau, Vendéen d’origine, qui a passé quatre années aux côtés du chef Christian Bodiguel sur le Venise Simplon-Orient-Express avant d’orchestrer les cuisines du “Road to Mandalay”, le seul bateau de la collection Orient-Express, en Birmanie.

Yannis Martineau, jovial, attentif à tout, amoureux de l’Asie nous convie à une balade gastronomique. Superviser, créer de nouveaux mets régulièrement dans les cuisines de l’Eastern & Oriental Express, c’est un peu une vocation pour lui. Dans les assiettes se succèdent : saumon fumé avec salade à la papaye verte, médaillon d’agneau avec son jus épicé et fricassée de légumes, Saint-Jacques et velouté de champignons et, en guise de dessert, pudding au chocolat et glace noix de coco. De subtiles alchimies… pour régaler les palais de tous. Alors qu’un café de Colombie vient tout juste d’être servi accompagné, comme il se doit de petites douceurs, le train circule à proximité de Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie, d’où se détachent dans la nuit les tours jumelles géantes de la société pétrolière “Pétronas”. Avant de rejoindre son compartiment, la plupart des passagers se retrouvent soit au bar ou sur la plateforme extérieure pour prolonger les conversations nouées pendant le dîner. On y rencontre également de jeunes amoureux en tenue de soirée qui se tiennent enlacés sur cette même plateforme tandis que le train frôle les plantations d’hévéas, les étangs et les rizières. Le train tangue, cahute…

Singapour, la fin d’un voyage…

L’arrivée à Singapour est proche. Singapour, la Ville-Etat, dynamique capitale financière de l’Asie posée sur une île de 60 km2 et peuplée 3,5 millions d’habitants. Son port est immense. On le distingue peu avant de pénétrer en gare de Keppel Road. Il compte des dizaines de grues qui chargent et déchargent des supertankers, rien d’étonnant, c’est le second port d’Asie pour le trafic de marchandises. Le convoi composé de 22 voitures grince et s’immobilise … L’heure est venue de débarquer, alors on titube un peu en longeant les voitures sur le quai. Un dernier sourire, une dernière parole échangée avec l’équipage dont le directeur de train et le chef cuisinier et on s’enfonce dans le hall. La vieille gare de Keppel Road cachée au cœur du quartier des affaires est étrangement silencieuse. Son hall désuet, décoré de fresques des années 30 ne connaît aucune agitation. Le passé colonial anglais trouve ici son sanctuaire – bien plus que les statues du fondateur de la ville, Sir Thomas Raffles qui restent discrètes. C’est la fin d’un voyage, d’un rêve éveillé… mais quel voyage !

Pour en savoir plus :

Renseignements auprès de Belmond,  site web : www.belmond.com

L’Eastern & Oriental Express propose toute l’année plusieurs circuits de 3 à 4 jours : Singapour-Bangkok, le Thai Explorer (Bangkok, Chiang Mai), Bangkok-Ventiane-Bangkok.

(Photos : D.Krauskopf et Belmond).

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