Le Diamant fait partie de ces petits paquebots de charme qui vous transportent vers des territoires peu fréquentés. Cap sur les Malouines, la Géorgie du Sud et la péninsule Antarctique pour un itinéraire exceptionnel. Découverte…
Durant chaque été austral Le Diamant se positionne en Antarctique, l’un des derniers paradis terrestre préservé pour des croisières expéditions extraordinaires dans des décors à vous couper le souffle. Nous sommes tous réunis à bord pour partir sur les traces de Shackleton. Beaucoup de passagers ignorent ou méconnaissent encore cet aventurier anglais. Qui a entendu parlé de tous les exploits de sir Ernest Henry Shackleton qui a marqué à sa manière l’histoire des voyages polaires. Ce grand explorateur britannique effectua plusieurs expéditions dans les régions australes et en Antarctique au début du 20e siècle. Il faillit être le premier homme à atteindre le Pôle Sud. C’est sur ses traces que Le Diamant nous conduit pour une croisière exceptionnelle vers les terres vierges et apaisées du grand Sud.
Le grand départ de l’aventure…
22h, Ushuaïa, (Argentine), ville située à 55° de latitude sud, capitale de la Terre de Feu. Le Diamant largue les amarres pour mettre le cap sur les Malouines. Au départ de ce célèbre port, le commandant Etienne Garcia a embarqué “un capitaine des glaces” pour lui apporter quelques conseils bien qu’il connaît déjà bien la destination. On profite d’une paisible navigation dans le canal de Beagle avant d’entrer en pleine mer et faire route sur l’archipel des Malouines composé de pas moins de 420 îles et s’étirant sur 257 km d’est en ouest et 136 km du nord au sud. Situé à quelques 500 kilomètres du continent sud américain, il appartient au Royaume Uni, n’en déplaise aux argentins. Les Malouines sont constituées de deux îles principales, plutôt basses et dénudées, séparées par un détroit rectiligne, et entourées d’une multitude d’îlots donc.
Découvertes par les malouins au début du 18e siècle, le français Bougainville tente d’installer une colonie mais les espagnols s’emparent du territoire et occupent l’archipel jusqu’à l’indépendance de l’Argentine en 1816. Les argentins négligent les lieux, les anglais s’y installent et en 1982 la guerre de Malouines relance le débat. A notre arrivée, on ressent aussitôt son climat frais et de type océanique. Nous débarquons sur New Island fréquentée jadis par les phoquiers et les baleiniers. Nous découvrons au fil d’une petite randonnée un paysage constitué de marais, de tourbières et de toundra mais surtout une faune peu ordinaire : des albatros à sourcils noirs, des gorfous sauteurs, qui sont les plus petits manchots polaires, regroupés sur des colonies installées sur des éboulis escarpés. Le Diamant fait ensuite escale à port Stanley, une ville construite en 1844 qui deviendra rapidement un grand chantier maritime pour les bateaux ayant besoin de relâcher. Stanley, c’est la capitale… elle s’étire en pente douce jusqu’à la mer avec ses rues au carré, ses maisons aux toits de tôles, ses petits jardins fleuris, ses quelques boutiques et modestes hôtels.
Cap sur la Géorgie du Sud sur les traces de Shackleton…
Le grand voyage débute véritablement maintenant. On reprend la mer, cap sur la Géorgie du Sud, un territoire localisé au sud de la convergence Antarctique qui est la rencontre des eaux chaudes et salées issues des océans Pacifique, Atlantique et Indien avec les eaux plus froides et moins salées ceinturant le continent Antarctique. Découverte par Cook, la Géorgie du Sud, une île sub-antarctique appartenant au Royaume-Uni située à environ 2 000 kilomètres à l’est du Cap Horn de 170 kilomètres de long. Elle émerge littéralement de l’océan. Ses sommets sont hauts et le point culminant atteint 2 934 mètres d’altitude : le Mont Paget.
La côte orientale est découpée en baies, fjords et glaciers. C’est une réserve naturelle et l’autorisation des Explorations Polaires Britanniques est indispensable pour y accéder. Toute la faune du grand Sud attend le voyageur : albatros hurleurs et fuligineux, pétrels, manchots papous et royaux, éléphants de mer, otaries… Le Diamant atteint la Géorgie du Sud par les îles Willis. Les vents y sont souvent violents mais la banquise n’enserre qu’exceptionnellement l’ île. Grytviken, station baleinière qui fonctionna de 1904 à 1965 est notre première rencontre avec l’aventurier Shackleton qui est décédé ici même terrassé par une crise cardiaque le 5 janvier 1922. Il était arrivé la veille avec l’équipage du “Quest”.
Enterré dans le petit cimetière à proximité d’un ruisseau où jouent les otaries et manchots, le commandant Garcia rend hommage à l’explorateur et à l’épopée du bateau “L’ Endurance”. En effet, Shackleton venu par hasard quelques années plus tôt dans ces contrées (en 1915), était parvenu jusqu’ici pour sauver les 28 hommes de son équipage prisonniers des glaces plus au sud en Antarctique lors de sa première expédition. Grytviken doit son essor à Carl Anton Larsen, capitaine de “L’Antarctic”, qui participa à la campagne d’exploration suédoise d’Otto Nordenjöld en mer de Weddell. Depuis la Norvège, Larsen prépara une campagne de chasse à la baleine en Géorgie du Sud avec “Le Fortuna” et deux autres navires “Le Louise” et “Le Rolf”. Le 22 décembre 1904 une première baleine fut capturée. Le succès dépasse les espérances et l’annonce de cet évènement attire la convoitise des compagnies baleinières. En 1918, au sommet de son activité pêche, on compte pas moins de 6 stations terrestres en Géorgie du Sud. Outre Grytviken, on compte Stromness, Husvik, Leith Harbour, Ocean Harbour et Prince Olav Harbour. Dès le début des années 20 la baleine devient plus rare, les lieux de pêches sont plus éloignés, on assiste au développement des bateaux usines. On estime les prises entre 1904 et 1966 à plus de 175 000 baleines, produisant plus de 9 millions de barils d’huile. Un fort intéressant petit musée retrace cette épopée.
Des débarquements préparés…
Après le déjeuner, c’est presque un rite, c’est l’heure du briefing pour tous. Les règles de sécurité et consignes spécifiques aux débarquements de la journée sont passées en revue conformément aux normes IAATO -International Association of Antarctica Tours Operators- qui visent à participer à la préservation et à la protection de l’environnement de ces territoires par un comportement responsable des visiteurs. Tout est prévu et notamment des séances de cours magistraux, assurés par les meilleurs spécialistes et dispensés dans le confort du Grand salon du Diamant. L’arrivée sur la baie de Saint Andrews révèle une vraie surprise. La rencontre avec une incroyable colonie de manchots royaux de plus 200 000 individus… Aussitôt, les canots pneumatiques mis à l’eau, on nous ” beache ” à terre. Nous mettons alors le pied sur l’une des plus belles région et plus authentique destination courue de la planète.
Chaque passager affecté à un groupe (bleu, vert, jaune ou rouge) connaît donc son “timing” exact d’embarquement sur les canots. Dans sa parka rouge siglée aux couleurs de la compagnie des Iles du Ponant -et qu’il conservera en souvenir- ganté et botté, il ne lui reste plus qu’à se diriger vers la marina située à l’arrière du bateau où une noria de pneumatiques l’attend. Avant d’embarquer, un passage est rendu obligatoire par le pédiluve pour éviter toute contamination sur les plages quasiment vierges. A terre, l’équipe de naturalistes attend les petits groupes de passagers pour la dépose sur la plage envahie de manchots et d’otaries. A raison de 2 à 3 débarquements par jour, la technique est vite assimilée : s’asseoir sur le bord du canot, se tenir aux cordages et en descendre dos à la plage. La balade commentée par les guides peut débuter. Le seul souci étant de respecter impérativement l’ensemble des consignes sous peine de se faire rappeler à l’ordre. Il est en effet difficile, caméscope ou appareil photo au poing, de résister de s’approcher trop près d’un manchot qui couve son œuf, d’un phoque assoupi ou d’un nid de pétrels. On remarque les “autoroutes à pingouins” empruntées par les manchots pour remonter ou descendre à la mer qui ont la priorité sur nous bien entendu. On apprend très vite à s’écarter des nids de skuas qui attaquent les oeufs du manchot dès qu’il s’éloigne de son nid. Un peu plus tard, on atterri sur Salisbury Beach dans la baie des îles. Des otaries à fourrure nous attendent. Parmi les 150 000 manchots qui vivent ici, certains assez hardis, viennent même par curiosité nous picorer les bottes.
De retour à bord…
De retour à bord, l’équipage vous choie, le vin chaud nous attend. Le grand salon accueille les conviviaux conférenciers naturalistes comme Nathalie Thibault, vétérinaire, Nicolas Dubreuil, le spécialiste des expéditions polaires, Christophe Barbraud, chercheur au CNRS qui nous a rejoint à Grytviken après avoir mené une étude sur la faune locale. Un dernier petit briefing expose le programme du lendemain, un petit tour au piano bar pour prendre un verre avec ses amis et il est temps de passer à table, parfois à celle du chaleureux et disponible commandant Garcia qui accueille chaque jour des passagers ou bavardent avec eux en les croisant dans les coursives. Les noctambules qui ne sont pas gagnés par le sommeil favorisé par l’air vivifiant de l’Antarctique occupent la piste de danse. Cette croisière se fait intelligente, elle permet à chacun de revisiter la formation des glaces, des icebergs, l’histoire des grands explorateurs et aventuriers dans ses contrées fragiles et si hostiles à l’homme. Elles ont été longtemps le cadre de compétitions comme celle opposant fin 1911 le norvégien Roald Admunsen et l’anglais Robert Scott pour la conquête du pôle Sud. Jean-Baptiste Charcot joua également un rôle essentiel dans la connaissance de la péninsule avec ses multiples expéditions et hivernages.
Petite randonnée en montagne…
Le Diamant fait route vers la Baie de Fortuna dont l’entrée se fait par un fort joli petit fjord ceinturé de glaciers pour déposer un groupe de randonneurs aguerris. Ils rejoindront Stromness, distant de 6 km, par les sentiers de montagne et le lac Crean sur les pas de l’héroïque traversée d’Ernest Shackleton et de ses compagnons qui cherchaient du secours. La météo est exceptionnelle et les panoramas éblouissants. Le groupe rencontre un petite difficulté car il faut franchir le névé avant de gagner la station baleinière. Sur le rivage réside une colonie de manchots Papou et une population d’otaries impressionnante, quel spectacle ! Le bateau qui a rencontré quelques vents catabatiques (des vents descendant tout droit des glaciers) a fini par mouiller en toute sécurité dans la baie de Stromness. Le lendemain, par une mer calme, un débarquement est organisé à Gold Harbour. Le brouillard est épais mais le voile se déchire peu à peu laissant apparaître d’abruptes montagnes d’où descend le glacier Betrab. Le long du torrent se concentrent des manchots royaux en pleine mue, plus loin une colonie de manchots Papou occupe le fond du cirque, dans les falaises nichent quelques couples d’Albatros fuligineux. On vit un rêve éveillé… Nous nous arrêterons aussi par la Baie de Cooper pour observer les gorfous macaronis abrités dans une végétation dense. A proximité, il y a des otaries couchées dans le tussock qu’il vaut mieux éviter de déranger. A bord du Diamant, il se passe toujours quelque chose. A n’importe quel moment le commandant n’hésite pas à lancer un appel général de la passerelle vous invitant à le rejoindre sur le pont. Parce que l’on croise un iceberg bleu vieux de 100 000 ans ou un ballet de baleines. Et très vite, les ponts sont envahis. Le même commandant est capable d’offrir un débarquement surprise pour la plus grande joie des croisiéristes. Un exemple, ne cherchez pas sur votre programme de la journée une ligne indiquant la visite du fjord Drygalski au sud de la Géorgie du Sud, le commandant Garcia a décidé dans la plus grand secret de rajouter à l’itinéraire cette petite escapade. Qui s’en plaindra ? Le Diamant, tel un navire d’exploration s’engage dans le fjord majestueux. Des growlers charriés des glaciers de Dead End, Risting, Jenkins et Philippi rendent sa progression lente. L’étrave flirte avec les glaçons. Une soupe à l’oignon est servie sur les ponts arrières extérieurs sous les chants d’un ténor. Un grand moment…
Vers la péninsule Antarctique…
Direction la péninsule Antarctique, pour une étonnante découverte du pays de “La marche de l’Empereur” et des icebergs géants et dérivants. Une petite dépression avec un vent d’ouest dominant nous accompagne. Une houle se forme, à bord la journée est rythmée par des conférences et des temps de repos. Tandis que Nicolas Dubreuil, donne sa conférence sur les glaces d’eau douce, soudain, la passerelle, annonce la traversée d’un champ d’icebergs tabulaires. Le plus grand que nous longeons avec prudence mesure une dizaine de kilomètres et provient de la plateforme de glace de Larsen, qui borde la côte est de la péninsule Antarctique. Plus tard, le paquebot passe au large de l’île Paulet où un vent mêlé à de petites chutes de neige et au brouillard souffle en rafale à plus de 70 km/h. Le paquebot tente de se positionner pour faire un débarquement de passagers par canots pneumatiques mais la mise à l’eau de ceux-ci est périlleuse. Il faut renoncer.
La passerelle du Diamant est ouverte 24h sur 24, cela fait partie de “l’esprit” de la compagnie et c’est plutôt très rare à bord des navires. Il fait bon passer du temps à observer les officiers de quart en service, assister aux manoeuvres parfois délicates dans cette contrée lorsque le Diamant slalome entre les icebergs. Les jours de mer, on peut aisément bavarder avec le personnel de la passerelle et ainsi mieux connaître et apprécier leur métier. Le Diamant met finalement le cap vers l’île de Vega. Le vent tombe, l’excursion aura finalement lieu sur l’île de Devil, les manchots Adélie sont là, ils portent ce nom car Dumont d’Urville en les observant les baptisa ainsi en hommage à sa femme Adèle. Puis direction Brown Bluff en péninsule Tabarin. Le paquebot se faufile un peu partout entre icebergs et colonies de manchots à l’entrée du détroit Antarctique.
Nous rejoignons l’île Déception au cœur de l’archipel des Shetland du Sud dont font partie aussi les îles Orcades du Sud ainsi que les Sandwich du Sud qui représentent la partie immergée de l’arc de Scotia ; une immense chaîne montagneuse d’origine volcanique, trait d’union entre la Cordillère des Andes et la péninsule Antarctique. La caldeira de l’île Déception surprend. Ce grand cratère effondré et occupé par la mer offrait un bel abri pour les baleiniers du 19e siècle. A Pendulum Cove (nom donné par les britanniques lors d’observations magnétiques et des mesures de gravité terrestre à l’aide d’un pendule en 1829) des fumerolles montent du sol, signe d’une grande activité géothermique. Certains en profitent pour s’y baigner ou plus précisément faire trempette.
On aime ce petit paquebot battant pavillon français de 124 mètres de long à faible tirant d’eau. Parce qu’il est à taille très humaine, possède un charme certain, il est largement ouvert sur l’extérieur et il règne à bord une ambiance chaleureuse et intime, reflet d’un certain art de vivre à la française. Ce paquebot conçu pour les croisières “expéditions” comme aime le rappeler son commandant compte un personnel de bord qui veille à votre bien-être. Très attentionné et décontracté à la fois, il est à l’écoute des passagers et une certaine complicité s’instaure entre vous et lui, ce qui est de plus en plus rare sur les paquebots. Ses 113 cabines et suites répondent aux aspirations des amoureux des croisières de grande tradition et des amateurs de nouveaux horizons. Toutes sont spacieuses, lumineuses grâce à la présence de doubles hublots, de sabords ou encore de balcons privés. Si le grand salon permet de recevoir tous les passagers en même temps, les espaces intimes ne manquent pas à l’image de l’Observatoire. Le restaurant “Escapade” propose un cuisine raffinée, et la grande salle à manger “Iles de France” peut recevoir 190 convives. Elle affiche des menus tout aussi gastronomiques servis par un personnel qualifié et jovial.
Du Drake au Cap Horn…
Il faut faire route vers le cap Horn par la traversée du mythique passage du Drake. Un chemin souvent redouté pour ses eaux mouvementées. Parc chance, la navigation est facilitée par d’excellentes conditions météorologiques. Le lendemain matin se profile le fameux Cap, point mythique de passage entres les océans Atlantique et Pacifique. Nous observons du pont la petite chapelle, le phare puis un peu plus loin le monument érigé à la gloire des marins disparus représentant un immense albatros stylisé. La navigation autour de l’île Horn donne lieu à une cérémonie à bord. Le commandant et les naturalistes nous rappellent avec émotion l’histoire du Horn. En effet, c’est à Willem Cornelius Schouten et Isaac Le Maire, originaires de la ville hollandaise de ” Hoorn ” que l’on doit la découverte le 31 janvier 1616 d’une nouvelle route maritime qui lui permet de rallier l’Asie sans enfreindre les restrictions de la Compagnie Orientale des Etats Généraux de Hollande.
Aucun bateau n’emprunte la route du Cap Horn après sa découverte, il faut attendre le début du 18e siècle, et les navires français qui contribuent aux travaux de cartographie de la région de Terre de Feu et de l’archipel du Horn. Ils s’intéressent à cette partie du continent américain lorsqu’ils franchissent le cap Horn pour proposer leurs cargaisons, en parfaite contrebande, aux commerçants du Chili et du Pérou entre 1678 et 1724. Le cap Horn est un point emblématique pour tous les passagers de cette croisière et il se mérite. Il est capable de vous offrir ses plus furieux tourments ou au coeur de l’été austral en janvier février le soleil. Puis, le Diamant remonte le canal de Beagle pour achever lentement son périple d’où il est parti à Ushuaïa (qui signifie en Yamana, au fond d’une baie ouverte à l’ouest). Dans 24 heures, il faudra songer à quitter le navire avec un petit pincement au cœur mais les souvenirs d’un voyage hors du commun resteront gravés à jamais dans toutes les mémoires.
*nom donné à l’animal aux aigrettes de plumes jaune-orangé ornant sa tête et rappelant la mode lancée dans les années trente par les italiens qui se gominaient les cheveux.
L’Antarctique, l’histoire d’une conquête…
C’est un véritable continent situé au pôle sud de la terre, il est presque entièrement recouvert de glace, et compte parmi les régions les plus froides. Avec une superficie de 14 millions de kilomètres carrés, il ne possède aucune population permanente mais uniquement quelques centaines d’habitants qui sont des personnes travaillant dans le cadre de missions scientifiques. Au 2e siècle, Ptolémée, un astronome grec est persuadé que l’Antarctique existe mais on y repense vraiment à partir du 15e siècle, lorsque Bartolomeu Dias de Noveas et Vasco de Gama découvrent de nouvelles terres. Ces navigateurs dépassent le Cap de Bonne Espérance mais réfutent qu’il existe au sud de l’Afrique un continent. Néanmoins, lorsque Ferdinand Magellan contourne le sud du continent américain, il découvre un détroit difficile à franchir, et au delà duquel un épais manteau neigeux apparaît. On évoque alors l’existence d’un continent austral sur les planisphères.
Dès 1578, Francis Drake, envoyé par la couronne d’Angleterre pour explorer le Pacifique, est entraîné par la tempête au sud de la Terre de Feu. Il aperçoit des manchots sur une île. En 1599, le hollandais Dirck Gerritsz est emporté par les flots jusqu’aux îles Shetland du Sud et il est le premier à franchir le cercle polaire antarctique (latitude 66° 33′ sud). En 1738, Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier parti en mission pour la Compagnie des Indes pour établir des comptoirs dans ces contrées arrive sur une île brumeuse, l’actuelle île Bouvet. En 1772, Nicolas Thomas Marion-Dufresne, secondé par le capitaine Julien Crozet à bord du Mascarin découvre l’actuel archipel du Prince Edouard et l’île Aride situé sur l’archipel de Crozet. James Cook explore au cours d’une expédition les mers australes. Parti du cap de Bonne Espérance le 22 septembre 1772? il est stoppé par la banquise à deux reprises et regagne la Nouvelle-Zélande après avoir dépassé le 61e parallèle.
Le 30 janvier 1774, son navire “La Resolution” il franchira le 70e parallèle pour la première fois de l’histoire. Cook se retrouve près d’une plaine de glace d’où s’élèvent des montagnes de glace. Il perçoit le bruit de “penguins” mais se persuade de l’absence de terre et renonce à aller plus loin. Il cherche alors un passage vers le sud à travers le glaces. Au 19e siècle, de nombreuses embarcations viennent pêcher le phoque sur les rives du continent. La première expédition scientifique anglaise en envoyée en 1839 et comprend des naturalistes, médecins et botanistes. Le 21 janvier 1840, des explorateurs français dirigés par Dumont d’Urville plantent leur drapeau. Quelques jours plus tard, c’est au tour de l’américain Charles Wilkes d’y parvenir.
En 1897-98, le bateau “Belgica” commandé par Adrien de Gerlache compte à son bord un équipage international avec Roald Admunsen pour second lieutenant. Ce dernier participera à la course au pôle sud géographique et sera le premier à y parvenir, le 15 décembre 1911. En 1946, les Etats-Unis, à l’initiative de l’Amiral Richard Evelyn Byrd, organisent la plus importante expédition jamais envoyée dans l’Antarctique avec une armada de navires et d’hommes. Un Traité sur l’Antarctique sera signé le 1er décembre 1959 à Washington par 12 pays parmi lesquels l’Argentine, l’Australie, la France, la Norvège, le Chili, le Royaume Uni… qui reconnaît le continent comme une terre propice à la recherche scientifique et à la coopération internationale. Le Traité établit un gel de prétentions territoriales, toutefois certains états ont revendiqué de portions du continent.
Vous avez dit manchots…
Manchot ou pingouins, on les confond souvent car le manchot porte l’habit blanc et noir du pingouin, or ils ne sont ni cousins ni voisins. Vivant dans les mers nordiques, la famille des pingouins ou alcidés est nommée par les anglais “penguin”. Au 16è siècle des marins Hollandais sèment la confusion en baptisant de même les manchots rencontrés au détroit de Magellan, en Patagonie. Erreur ces derniers habitent l’hémisphère sud et se rangent dans les sphéniscidés. Le manchot royal est un nomade au long cours. En 10 à 20 jours d’absence , il nage en zigzag sur 800 à 1500 km, pêchant jusqu’à 500 km de la colonie. L’hiver laissant le rejeton jeûner à terre, il file sur 4000 km, jusqu’aux limites de la banquise. La nuit, il plonge à moins 10 à 40 m et le jour jusqu’à 300 m selon une étude scientifique. Dans l’hémisphère sud, la communauté mondiale des manchots pêcheraient 20 millions de tonnes, autant que les flottes du Japon ou du Pérou réunies. En Antarctique, la population des manchots est estimée : 1 million et demi de couples royaux, 2 millions ½ d’Adélie, et 7 millions ½ de manchots à jugulaire qui se nourrissent tous de krill. En Géorgie du Sud, entre Antarctique et Atlantique, le manchot royal pond en été, il couve sur ses pieds. Une colonie peut compter jusqu’à cinq cent mille couples. Ces manchots sont parmi les plus gros mangeurs de l’océan Austral. Avec l’empereur, le manchot Adélie est le seul a avoir colonisé la couronne du continent antarctique. Pesant de 3 à 6 kilos, il élève son petit en moins de 2 mois. Amours et couvées comprises, la saison de la reproduction dure que 110 jours.
Pour en savoir plus :
Consulter le site web : www.ponant.com
D.Krauskopf – E.Scotto (Photos E.Scotto – et CIP)