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Le Train Jaune, la magie d’un train de montagne

Né d’un pari fou, le Train Jaune remplit une mission de service public depuis sa création en 1910 mais il fait aussi rêver des générations d’amoureux des rails et des montagnes.  Découverte…

14h45, gare de Villefranche-de-Conflent, le Train Jaune s’ébranle lentement. Progressivement il salue la cité Vauban d’art et d’histoire pour bien vite disparaître dans la roche, se faufiler dans la végétation, flirter avec la rivière et surgir au détour d’un village.

 Un train de charme…

Depuis plus d’un siècle, le sifflement du Train Jaune est familier des habitants et résonne dans la vallée du Têt au cœur de Pyrénées-Orientales. De Villefranche-de-Conflent à La Tour de Carol, sur un parcours d’un peu plus de 60 kilomètres, chacun des passages de cette chenille jaune teintée de rouge déclenche des saluts de la main et hisse haut les couleurs de la Catalogne. Les wagons, pardon les voitures, ont été restaurées dans les années 80, mais les caisses en bois sont d’origine tout comme les motrices électriques et les gares champêtres qui jalonnent la voie. La rame ne dépasse guère les 50 km/heure, les arrêts sont nombreux et en été les randonneurs l’empruntent pour rallier les sentiers. Sur la ligne, de la plaine du Conflent aux plateaux de Cerdagne, les paysages changent métamorphosés par une dénivelé record. La première partie du tracé grimpe durant 30 kilomètres sur 1165 m de Villefranche (altitude 427 m) à Bolquère-Eyne (1592 m), la gare ferroviaire la plus haute de France. On constate que le tronçon se heurte aux difficultés de la montagne. Il est accroché à la paroi abrupte. De la gare de Bolquère-Eyne, le convoi redescend vers la Cerdagne et le Capcir. Entre les massifs du Carlit, au nord et celui du Puigmal, au sud, la voie suit de larges méandres jusqu’à la gare de Font-Romeu Odeillo Via. La célèbre station de Font-Romeu a vu naître sa vocation touristique avec l’aménagement de la ligne, en 1911, et l’inauguration de son Grand Hôtel, deux ans plus tard.

Puis, entre forêts, prairies et chalets de bois, le Train Jaune serpente sur un autre coin de montagne, Estavar, Saillagouse, Err. A partir d’Osseja (1240 m), le “canari” (son doux surnom) longe la frontière espagnole. Certains voyageurs qui ont pris place dans une voiture “barquette”, un wagon à ciel ouvert d’où l’on ne manque rien du spectacle. Chacun échange à haute voix ses impressions. Quelques kilomètres restent à parcourir sur un terrain plat, et la rame entre en gare de La Tour de Carol/Enveigt, son terminus au Km 62,8. C’est le seul endroit en Europe où se croisent trois écartements de voie différents : métrique (Train Jaune), français (1435 m) et espagnol (1676 m).

Un pari fou…

L’inauguration du premier tronçon de ce pittoresque train remonte à 1910 (il relie Villefranche à Mont-Louis) et son prolongement jusqu’à La Tour de Carol date de 1927. Ce train est le fruit d’une épopée technique et humaine. A la fin du 19e siècle, il s’agit de désenclaver cette région où la roche est friable, les failles abruptes et les neiges abondantes. En 1885, une ligne à vapeur relie Perpignan à Villefranche-de-Conflent mais au-delà de Bourg Madame, seul un transport à diligence assure la liaison. Les 20 000 habitants que compte la région sont donc isolés. Des élus locaux se mobilisent et en 1903, les travaux commencent, confiés à la Compagnie des Chemins de fer du Midi. A l’heure de gloire de la vapeur, les ingénieurs choisissent une autre technique qui vient de faire ses preuves avec le métro parisien… la traction électrique. Doté d’une voie étroite, doublée d’un troisième rail pour l’alimentation électrique, le train montera des déclivités de 6%. Ce pari en implique un autre pour fournir l’énergie. Au-dessus de Mont-Louis, entre 1904 et 1910 un barrage de 13 millions de m3 est construit au lieu-dit les Bouillouses, à 2000 m d’altitude. Il est complété par des usines et sous-stations électriques, toutes destinées à alimenter le train.

Une profusion d’ouvrages d’art…

Le chantier devient pharaonique. Pour franchir les montagnes, il est indispensable de perforer la roche, percer et réaliser 19 tunnels, au total 650 ouvrages d’art. Parmi les réalisations majeures, le viaduc de Séjourné inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques et le pont Gisclard (un viaduc métallique suspendu avec des câbles qui pénètrent à 25 m de profondeur dans la roche) lui classé Monument historique. Pas moins de 1500 ouvriers s’affairent sur le chantier. Durant 7 ans, tailleurs, mineurs et terrassiers affluent dans la vallée et les conditions de travail sont particulièrement dures. Au début des années 80, l’automobile remet en cause la ligne, les usagers engagent un long combat. Aujourd’hui, la ligne est maintenue, elle est dotée d’un statut de Train Express Régional et poursuit sa mission de service public. Le Train Jaune séduit, chaque année, 300 000 voyageurs et il est envisagé de le faire figurer sur la liste du Patrimoine de l’Humanité, ce serait la un bel hommage pour cette ligne et la région entière.

Pour en savoir plus : 

Consulter le Comité Départemental du Tourisme des Pyrénées Orientales : www.cdt-66.com

(photos Office de Tourisme de Font Romeu).

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