Au départ de Granville -Manche-, la bisquine, la Granvillaise, propose des échappées à la journée sur l’archipel de Chausey. Embarquement immédiat à bord du voilier de pêche le plus toilé de France. Découverte…
Il est 10h, comme chaque week-end à la belle saison, au coeur du port de plaisance de Granville, le capitaine Eric Pérotin invite les candidats « à l’aventure » à embarquer. Des familles, des couples, des passionnés de voile, se familiarisent avec la Granvillaise, lancée il y a tout juste 30 ans, réplique d’une grande bisquine La Rose Marie (1897). Il s’agit du voilier de pêche le plus toilé de France et typique de la baie du Mont Saint-Michel. Le temps de s’installer et sur le pont, c’est l’heure du briefing avant le grand départ. Le capitaine présente l’équipage puis le voilier quitte lentement le port, avec le moteur. Très vite, les passagers sont mis à contribution pour hisser les voiles.
Un peu d’histoire…
C’est un bonheur de prendre la mer à bord de ce type d’embarcation. En effet, les bisquines avaient totalement disparu, mais des passionnés ont entrepris de les faire revivre à Cancale et à Granville. La construction de « la Granvillaise » a commencé au chantier naval de Granville dès 1988 et fut mise à l’eau le 10 avril 1990. Elle porte le gréement le plus important de tous les bateaux traditionnels. Au XIXe siècle, ce type de bateau pratiquait le dragage des huîtres dans la baie du Mont Saint-Michel, la pêche au chalut, et pour les plus grands, la pêche aux lignes. Cette bisquine de travail est reconnue pour sa stabilité et sa puissance sous voiles.
Naviguer vers Chausey…
Le vent souffle de nord-est, droit devant, on aperçoit l’archipel de Chausey, la destination de la journée ! Mais la Granvillaise participe aussi à de nombreuses manifestations maritimes en Manche et sur la côte Atlantique française. Elle propose aussi des croisières le long des côtes de l’Angleterre, de la Normandie et autour des Iles Anglo-Normandes pour 9 passagers et des sorties à la journée pour 26 personnes. Eric Pérotin prend un peu de temps lorsqu’il n’est pas à la barre pour rappeler : « la bisquine, c’est une cathédrale de toile et c’est par centaines qu’elles naviguaient autrefois le long du littoral. Aujourd’hui, on compte celle de Granville et celle de Cancale… deux sœurs pas tout à fait jumelles : La Granvillaise annonce 55 tonnes sur la balance. C’est 10 tonnes de plus que La Cancalaise. Elle est aussi légèrement plus large parce qu’à Granville, dès la sortie du port, il faut affronter les vents dominants ».
On admire les plus hautes voilent perchées, les rikiki. Elles dominent le pont à 20 mètres de hauteur. Du tapecul au foc, en passant par le taillevent, la misaine, le bonnet, le grand et petit hunier, c’est 340 m2 de voile ! Si la coque dépasse les 18 mètres de long ; la Granvillaise a une longueur qui s’étire au-delà de 32 mètres avec une queue de malet, à l’arrière, de 4 mètres et à l’avant, un bout-dehors de 9 mètres. Il s’agit d’une adaptation de la biscayenne des pêcheurs basques devenue bisquine dans la baie du Mont-Saint-Michel. Pour gagner en puissance et en vitesse, ses formes se sont affinées.
La sortie à la journée vers Chausey est sans doute la meilleure formule pour profiter pleinement des plaisirs de la navigation à l’ancienne. Les uns et les autres bavardent avec le second afin de mieux comprendre les motivations des marins et lentement l’archipel de Chausey se dessine devant nous. Il regroupe, selon la légende, 365 îlots à marée basse et 52 à marée haute. La grande Ile est située à 17 km de Granville, dont elle dépend administrativement. Durant des siècles des carriers ont exploité l’incroyable dentelle de granit de l’archipel. En huit siècles, elle a été utilisée pour bâtir l’abbaye du Mont-Saint-Michel, reconstruire Saint-Malo, dresser les quais de Dieppe et de Londres ou encore pour paver les trottoirs de Paris. Autre ressource, la soude -tirée des algues recueillies sur les côtes, fut longtemps utilisée dans l’industrie du savon de Rouen.
Lorsque la Granvillaise entre dans l’archipel par les Carniquets, le spectacle est saisissant. On observe des pêcheurs et des éleveurs de palourdes qui s’activent sur leurs tracteurs. Après quelques bords le long des îlots, il est temps de mouiller l’ancre dans un endroit sûr. En début d’après-midi, les passagers embarquent sur l’annexe pneumatique, pour rejoindre un banc de sable fin, digne des plus belles plages des Caraïbes. Certains se lancent dans la pêche à pied, d’autres se baignent ou observent les oiseaux sur l’estran. Vers 18h, tous remontent à bord pour rejoindre Granville que l’on atteint en un peu plus de deux de navigation sous une lumière éclatante !
A savoir :
– Durée approximative de la sortie à Chausey : 10h.
– Pour votre confort : pensez à vous équiper de vêtements chauds (pull ou polaire), d’une veste de ciré ou un coupe-vent, des chaussures confortables (chaussures de pont, bottes pour débarquer les pieds au sec), d’une casquette ou d’un chapeau, de lunettes de soleil et de crème solaire.
– Pour le loisir : maillot et serviette de bain ou votre matériel pour la pêche à pied ou la ligne (pratique réglementée).
– Apporter son pique-nique.
Pour en savoir plus :
Association des Vieux Gréements Granvillais 43, boulevard des Amiraux Granvillais,tél. +33 (0)2 33 90 07 51. Site web : www.lagranvillaise.org
Consulter aussi l’Office de tourisme Granville Terre et Mer 2, rue Lecampion, 50400 Granville, tél. + 33 (0)2 33 91 30 03. Site web : www.tourisme-granville-terre-mer.com
(Photos : Kevin Leconte – www.lapse-production.fr et D.Krauskopf).
