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Sud Groenland, fjords et icebergs en vue

Le Groenland, c’est la plus grande île de la planète. Au Sud, ses paysages composés de fjords et d’icebergs défilent dans toute leur splendeur.

Bienvenue à Kalaalitt Nunaat -la terre des hommes- peuplée de 55 000 âmes sur un territoire de 2 186 600 km2, inutile de souligner que la place ne manque pas. Narsasuaq, c’est la porte d’accès de la région du Cap Farewell et du Groenland méridional. Assez curieuse, cette vraie-fausse ville s’anime autour de l’aéroport, l’une des trois anciennes bases militaires aménagées sur l’île par les américains pendant la Seconde guerre mondiale. Sa côte est bien découpée, ses glaciers vêlent des icebergs, ses paysages sont en perpétuel devenir. Ici, on peut s’associer aux trépidations de la vie ” urbaine “, flâner, contempler les eaux du fjord, partir à la conquête des glaciers et visiter des vestiges vikings du village voisin de Qassiarssuk où Eric le Rouge débarqua en 982. On y trouve la première église chrétienne édifiée sur le continent Nord-américain. Pour beaucoup d’entre-nous, cette pointe Sud du pays signifie : froid et obscurité profonde. Il va s’en dire qu’il peut y faire très frais mais c’est, au contraire, le royaume de la lumière, l’endroit le plus doux de l’Arctique. Une toundra côtière très verdoyante composée de lichens, de mousses, de plantes à fleurs, de bruyères, d’aulnes nains buissonnants borde l’inlandis. Plusieurs fermes isolées et espacées de plusieurs kilomètres tentent l’élevage du mouton et du caribou. A cela s’ajoute la culture des pommes de terre, des raves et des carottes. L’ensemble de ces productions, bien que modestes, assurent un revenu à une centaine de familles de la région.

Narsaq à deux pas…

En cette journée légèrement brumeuse, un hélicoptère Sikorsky de la compagnie Greenlandair attend des passagers et du fret à destination de Narsaq.  Il fait figure de gros insecte. La plupart des sièges sont rabattus contre la paroi et de grands cartons remplis de fruits et légumes frais destinés au magasins de la prochaine escale occupent le sol. Les conditions météorologiques paraissent tout de même satisfaisantes. Le rotor commence à tourner et le fuselage se met à trembler. Il décolle sans effort avec une certaine aisance même. Le nez pique vers le sol alors qu’il prend rapidement de l’altitude tout en amorçant un virage. L’appareil est maintenant au dessus des fjords où des milliers de blocs de glace gigantesques parsèment un manteau vert turquoise. Il survole l’île que les premiers colons ont baptisés ” Pays vert ” malgré ses rares champs cultivés. Il vole à une altitude qui ne permet pas toutefois de passer au-dessus des montagnes. Après un virage serré à gauche et quinze minutes de vol, l’hélicoptère plonge sur Narsaq, droit devant. Il ne tarde pas à se poser en douceur sur le béton de l’héliport. Le pilote ne coupe pas le moteur, les passagers mettent pied à terre pendant que plusieurs personnes s’affairent à débarquer la marchandise.

Narsaq, son caractère authentique…

Narsaq avec ses 2200 habitants et son caractère authentique semble très accueillante dans son habit estival. Elle n’est reliée par aucune route aux autres villages distants de 80 à 120 kilomètres. Seuls moyens : l’hélicoptère ou le bateau. C’est un monde bigarré où se mêlent depuis 1830 -date de sa fondation- le bleu, le rouge, le jaune, le vert et le blanc des maisons en bois. Entourée par de nombreux détroits et fjords bloqués huit mois par an par les glaces, Narsaq est à la fois grandiose et silencieuse. Elle s’étend sur une vaste plaine abritée par la grande montagne Qaqarsuaq dont le nom signifie le plateau. L’air est piquant, un simple coup d’?il sur l’horizon permet d’observer, d’énormes icebergs se laissant aller dans les courants et formant un archipel d’îles blanches.
Sous un ciel qui devient peu à peu d’un bleu intense, notre attention est captée par le Puttut “, un vieux bateau construit en 1958 aux chantiers navals d’ Holboeck peint d’un rouge criard qui mouille dans le port de pêche. Des tôles d’aciers sont venues renforcer les planches de chêne sous la ligne de flottaison. A en croire le soleil, la journée s’annonce sous les meilleurs auspices.

Des icebergs de toutes les formes…

Les amarres largués, le chalutier laisse désormais un sillage d’écume blanche dans l’eau turquoise et de légères vagues bercent le canot qu’il tire. Il met le cap au large, abandonnant derrière lui la ville et de petits blocs de glace. Après seulement quelques minutes de navigation les icebergs se rapprochent inéluctablement, ils sont à portée de main. Il y en a de toutes les tailles et de toutes les formes plus étranges les unes des autres. L’un ressemble à un chien qui court, l’autre rappelle un porte-avions sur la passerelle duquel une mouette s’est substituée au pacha.
Ils atteignent des hauteurs colossales et émergent jusqu’à 30 mètres au dessus des eaux tandis que la partie immergée plonge entre moins 300 et moins 350 mètres. Quel plaisir, alors, de se tenir fièrement sur le pont et de se laisser envahir par les perceptions. La scène se grave dans les mémoires de nombre de passagers et cet univers incommensurable impose à l’homme la plus grande modestie. Contrairement à une idée reçue l’iceberg, ce n’est pas de l’eau congelée. Il s’agit d’une neige comprimée, très dure qui enferme les gaz présents dans l’air au moment de sa formation. Les coloris vont du blanc au bleu marine taillé comme du cristal. Ces monstres pèsent des millions de tonnes et les pêcheurs s’en méfient. Car, en dépit de leur apparente immobilité, il faut rester attentifs à leurs mouvements… Jacky, notre capitaine, casquette de tweed visée sur la tête, jeans délavés, évoque sa jeunesse et ses vingt-six années passées dans cette contrée encore synonyme d’aventure. Il est assis devant sa barre et l’écran du radar ressemble à un ciel étoilé. Chaque point lumineux indique un iceberg. Grâce au radar, on peut zigzaguer parmi eux sans danger. Le ” Puttut ” se faufile toutefois avec prudence entre les blocs de glace. L’escapade est rythmée par un florilège d’émotions provoquées par cette nature, tour à tour, solennelle, intime et parfois dramatique.

Communier avec la nature…

Soudainement le temps change. Un léger brouillard enveloppe notre embarcation. L’environnement prend aussitôt un visage moins hospitalier. Jacky choisit de rebrousser chemin pour ne pas risquer de heurter un bloc de glace. Direction Narsaq, notre port de départ. Le froid mordant parcoure le dos. L’instinct conseille à chacun de quitter le pont extérieur pour rejoindre le carré où l’eau du café frémit gaiement sur le réchaud à gaz. Quelques sandwiches garnis de grandes crevettes fraîches ou de saumon au goût inimitable remplissent les estomacs des plus affamés. Un vrai régal ! Afin de ne pas sacrifier à la tradition ce repas est arrosé de l’eau la plus pure qui soit au monde en y ajoutant des glaçons millénaires. Il est à peine plus de 23 heures, la nuit est proche, mais il fait encore jour. Tandis que le disque de la Lune semble suspendu au-dessus des montagnes une lumière jaune dore la baie de Narsaq.

Le chalutier accoste, non loin un petit iceberg se brise sans crier gare et se renverse avant que le clapotis des vagues ne l’aide à reprendre sa position initiale. Le temps de quitter notre bon vieux mais néanmoins robuste ” Puttut ” et on retrouve une vie animée sur le quai. Un express côtier est attendu. De gros chariots élévateurs déplacent des conteneurs et des caboteurs chargent et déchargent du matériel destiné au village : fer, tubes, produits alimentaires et même, un lave-linge. Certains se préparent à des scènes d’adieux. Avec le soleil couchant, le violet de l’épilobe, la fleur nationale, contraste agréablement avec le tapis de verdure. Une route nous conduit vers la vieille et jolie église en bois. Là, plusieurs jeunes inuits dont le large sourire inonde leurs visages basanés n’hésitent pas à saluer le visiteur par un amical signe de la main. A deux pas, devant une supérette, des panneaux vantent les produits en promotion. Aujourd’hui, c’était les tomates.

A la fois chasseurs et agriculteurs, ces groenlandais sont chaleureux et leur sens de l’hospitalité n’est pas un vain mot. Malgré les influences étrangères, les inuits constituent l’une des minorités de la planète. Ils conservent cependant une volonté affichée de communier avec la nature encore inviolée, les traditions et le modernisme sans tomber dans les pièges de la société de consommation. La longue journée s’achève, il est temps d’aller se reposer car les nuits sont courtes en cette période de l’année. Avant de s’assoupir, on ne peut pas s’empêcher de penser que cette contrée ” méridionale ” est un chef-d’?uvre de la nature dont les images ne laissent personne insensible. La nature y offre un puissant et impressionnant spectacle qui vaut le détour.

Une identité, un gouvernement autonome

La plus grande île de la planète s’étend sur 2500 km du nord au sud et sur 1000 km d’est en ouest -l’inlandis couvre une superficie de 1 833 900 km2- La plupart des groenlandais sont des inuits. Ce peuple originaire d’Asie Centrale émigra vers l’île après avoir traversé la Sibérie, l’Alaska et le Canada. Ces populations ont tissé entre elles des liens culturels. Elles sont regroupées au sein de l’ “Inuit Circumpolar Conference ” qui consiste à défendre les droits des populations indigènes et à promouvoir une politique environnementale arctique commune. Le Groenland est un territoire autonome au sein de la communauté danoise depuis le 1er mai 1979. L’ancien Conseil national fut dissous afin de doter le pays d’un véritable parlement : le ” Landsting “. Ce parlement exerce un pouvoir délibératoire et désigne les membres de son cabinet. Ses fonctions s’apparentent un celle d’un gouvernement. Ses trente et un membres élus tous les quatre ans représentent toutes les circonscriptions. Le gouvernement autonome élit en son sein un président assisté de plusieurs ministres. Le parlement groenlandais a pris progressivement un nombre croissant de compétences et le pouvoir légal du Danemark ne porte plus que sur la politique étrangère, la défense, la justice et la politique monétaire. Le Groenland dispose également de deux sièges au parlement danois, le Folketing. La scène internationale s’intéresse de près à ce modèle d’autonomie évolutive.

REPERES

Le Groenland méridional va du Cap Farewell au Sud à Paamiut au Nord. C’est la région où règne la banquise au printemps et en été. Sur la côte Est le courant fait dériver les glaces qui doublent ensuite le Cap Farewell et sont poussées vers l’ouest après avoir remonté le long des côtes occidentales. L’été se caractérise par une formidable explosion florale. Le mercure oscille entre 5 et 20°C et le temps peut être instable. Il est conseillé d’emporter des chaussures de randonnée légères, un coupe-vent, un vêtement de pluie et un pull-over.
Une moustiquaire et une crème anti-moustique peut s’avérer indispensable en juillet et août.

ACCES

De Copenhague, Air Greenland assure des liaisons fréquentes (4 heures) pour Narsasuaq. Sur place, Air Greenland relie régulièrement les villages entre eux par avion ou hélicoptère. En haute saison, il est préférable de réserver sa place à l’avance car en été, les groenlandais se déplacent beaucoup.

HEBERGEMENT

Chaque village compte au moins un hôtel, une auberge de jeunesse ou un foyer de marins avec des chambres d’un confort simple mais fonctionnel. Pour deux personnes compter de 80 à 100 euros la nuit sans les repas. Il n’est pas rare qu’un restaurant ou une cafétéria complète le service de l’hôtel. Il est possible que l’on vienne vous chercher au port, à l’aéroport ou à l’héliport si vous avez réservé. Dans le sud, certains éleveurs de moutons ont aménagés une structure d’accueil à proximité immédiate de leurs fermes. Le charme de l’endroit est souvent envoûtant.

ACTIVITES

Les express côtiers de la compagnie Arctic Umiaq Line (tél. 00-299-34-99-00) desservent de nombreuses villes. C’est un bon moyen de caboter le long de la côte sans cesse changeante. Toutefois, la banquise peut perturber le trafic maritime régulier et entraîner d’importants retards.

Blue Ice outfitting (tél. 00-299-57-25-71) dirigé par un français installé depuis quarante ans dans la région propose au départ de Narsasuaq des randonnées, des promenades en kayak de mer, des parties de pêche et des visites des fjords à bord d’un vieux chalutier.

RENSEIGNEMENTS

Consulter Greenland Tourism sur le site web : www.greenland-guide.gl

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