L’explorateur Nicolas Dubreuil sillonne en kayak, à ski, en traîneau et à pied les régions de l’Arctique ainsi que de l’Antarctique. Il vient de signer “Mystères polaires”. Découverte…
Quel est votre parcours ?
“j’ai décidé de tout plaquer pour ne vivre que des expéditions…”
Je suis parti pour la première fois en expédition à l’âge de 18 ans. C’était une expédition de 3 mois le long de la côte Ouest du Canada. Nous sommes remontés de Vancouver à Anchorage. Cela a été pour moi extrêmement formateur. Ensuite, j’ai continué mes études et effectué des expéditions à ski, en kayak, à pied, en traineau en parallèle.
Je partais 2 à 3 mois par an. Puis, j’ai commencé à travailler comme guide pour une agence spécialisée dans les expéditions polaires -Grand Nord Grand Large- en même temps que je devenais maitre de conférences à l’Université Louis Pasteur à Strasbourg. Ensuite, j’ai effectué de plus en plus d’expéditions…je partais parfois 5 à 6 mois par an et suite à un gros accident sur la banquise, j’ai décidé de tout plaquer pour ne vivre plus que des expéditions et je suis devenu chef d’expédition à plein temps, travaillant plus de 10 mois par an sur l’ensemble des régions polaires.
Quels sont les explorateurs qui vous ont le plus marqué et pourquoi ?
“le gentleman des pôles, Jean-Baptiste Charcot…”
J’ai été très influencé par la BD, donc mes premiers explorateurs sont plutôt Tintin, Spirou, Thorgal, etc… C’est plus tard que j’ai découvert un de mes explorateurs les plus importants, le gentleman des pôles, Jean Baptiste Charcot.
Quelle est votre approche et… vos relations avec les groenlandais ?
“je ne cherche pas à devenir Groenlandais…”
Depuis 25 ans je vais régulièrement au Groenland… et maintenant j’y habite, dans le petit village de Kullorsuaq. Le village le plus extrême du Groenland. Parlant leur langue et vivant comme eux (chasse, pêche, traineau et facebook!). Je pense y être intégré. Je ne cherche pas à devenir Groenlandais. Je n’oublie pas que je suis Parisien, mais j’aime partager mes expériences avec les leurs.
Est-ce pour vous une seconde “patrie” le Groenland ?
Oui, tout à fait, je dirais que c’est ma patrie de coeur. Celle ou je me sens vraiment moi même.
Considérez-vous le Groenland comme un vaste terrain de jeu ?
“les éléments sont tellement puissants que vous redécouvrez l’humilité…”
C’est effectivement un immense terrain de jeu où la nature vous ramène à votre vrai niveau. Là bas, les éléments sont tellement puissants que vous redécouvrez l’humilité et que vous réapprenez à utiliser votre instinct et vos facultés d’adaptation. A Paris, plus personne ne sait ce que c’est. Là haut, c’est vital !
Voyager, est-ce pour vous un art de vivre aujourd’hui ?
“Voyager, c’est aller de soi à soi en passant par les autres…”
Plus qu’un art, c’est ma vie. Voyager et découvrir. J’aime cette phrase de Spinoza qui dit que : “Voyager, c’est aller de soi à soi en passant par les autres”.
Comment voyez-vous l’avenir du Groenlandais ?
“il ne faut pas avoir peur du changement mais le prévoir…”
J’ai confiance en eux. Ils sont tellement forts, tellement réactifs et capable de s’adapter qu’ils vont réussir le virage de l’indépendance. Par contre, cela changera beaucoup de choses. Mais, c’est la vie. Il ne faut pas avoir peur du changement mais le prévoir.
Quels sont vos projets ?
“j’enchaîne avec des expéditions kayak au Spitzberg…”
Je vais faire venir en France, trois de mes potes chasseurs d’ours pour leur faire partager mon pays. Puis, j’enchaine avec des expéditions kayak au Spitzberg, puis le passage du Nord Ouest, la Tchoukotka, le Kamchatka, les îles Kouriles… Et après, je retourne en Antarctique ! Entre temps, je fais une série télé pour France 5 avec Jacques Malaterre : “Ceux Du Bout Du Monde” où nous partons à la rencontre de ces peuples (au sens large) qui ont fait le choix de vivre loin de tout. Un très beau projet, terriblement humaniste et qui me porte. Sans oublier quelques projets de films sur les “mystères polaires” évoqués dans le livre.
Pour en savoir plus
Consulter le site web : www.sikimut.com
(Photos : N.Dubreuil).
