Doha joue la carte du tourisme international
le 01/03/2017
La capitale du petit émirat pétrolier, plaque tournante aérienne bien connue des voyageurs visitant l’Asie du sud-est et le Pacifique, met aujourd’hui en avant son patrimoine culturel et propose des loisirs variés. Découverte...
Par Emmanuel Gabey
Fascinant par sa démesure mais aussi parfois décrié, conjuguant tradition et modernisme, outrance et classicisme, luxe et simplicité, le petit émirat de poche qui ne cesse de se faire entendre sur la scène internationale, notamment par la chaine de télé Al jazeera et le rachat du PSG sans oublier les placements immobiliers, ne manque pas d’intriguer.
Après six heures de vol, le visiteur débarquant à Doha est bien vite enveloppé par un halo de chaleur un peu humide. Plutôt agréable quand on a quitté l’Hexagone dans le froid et le givre. Quelques tours de roue et voici la corniche, promenade baignée par le golfe arabique sur sept kilomètres, longeant la baie de Doha bordée de quelque cent cinquante gratte-ciels s’élançant fièrement dans le ciel bleu. Bureaux et hôtels de luxe à touche-touche. Et l’émirat prévoit de doubler ce chiffre dans la décennie à venir. Pour les architectes de renom, c’est un excitant challenge. Notamment pour Jean Nouvel qui a déjà signé une étonnante tour résolument phallique, baptisée « le concombre », et qui terminera cette année un splendide édifice ocre en forme de rose des sables qui abritera le musée national du Qatar.
Tout au long de la corniche, de jour comme de nuit- qui sont souvent plus fraiches - on rencontre des joggers, des cyclistes, des promeneurs et tout simplement des sportifs qui utilisent les nombreux équipements en accès libre. Tandis que des capitaines de dhows, ces boutres traditionnels en bois noir avec lesquels les qataris allaient chercher des huitres perlières jusqu’à la moitié du siècle dernier, proposent des mini-croisières en mer.
Superbe musée des arts islamiques...
L’architecte japonais du Louvre, Ieoh Ming Pei, a aussi signé, face à la baie de Doha, une superbe réalisation avec le musée des arts islamiques. Un édifice ocre qui agglomère deux bâtiments en calcaire reliés par une galerie et qui est coiffé par une tour évoquant clairement les yeux d’une femme voilée. On peut y découvrir des objets venues de tout l’Orient, couvrant quatorze siècles et présentés par thème ou par pays. Des bijoux, des jarres, des tapis, des manuscrits, de superbes céramiques, tous joliment mis en lumière. Dans son prolongement, une vaste terrasse rafraichie par des jets d’eaux offre un beau coup d’œil sur la capitale.
Le dernier étage est dédié au restaurant l’Idam, géré par Alain Ducasse et décoré par Philippe Starck. Sa grande baie ouvrant sur la skyline des gratte-ciels, est encadrée par deux bibliothèques géantes. Et tout le mobilier ainsi les assiettes, couverts, nappes, tables roulantes, etc, sont des pièces uniques fabriquées spécialement pour l’Idam.
Quant à la carte, elle est créée à partir des meilleurs produits du monde et entend marier les deux cultures, occidentales et orientales. Ainsi, expliquera le chef du restaurant, l’un des plats les plus appréciés est la pièce de chameau Rossini aux truffes noires coiffée d’un foie gras poêlé…
Une capitale en chantier...
Conscient que la manne de son gaz sera un jour épuisée, le Qatar - à peine plus grand que la Corse- cherche à se reconvertir. Grâce à sa situation géographique, hub à mi-chemin entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, il entend miser sur le tourisme. Et depuis quelques années, tout ce petit pays n’est qu’un gigantesque chantier qui n’hésite d’ailleurs pas à gagner des terrains sur la mer. Avec ses stades, bien sûr, - en prévision de la coupe du monde de 2022 -, mais aussi quatre lignes de métro, un port, nombre d‘hôtels de standing, des autoroutes, des immeuble d’habitation, et même de nouveaux quartiers entiers comme La Perle, « la riviera arabe », dotée de marinas, de tours résidentielles, de villas, de boutiques de grand luxe, de showroom, de restaurants haut de gamme...
Autre chantier bien avancé, le village culturel de Katara qui regroupe déjà un théâtre, un amphithéâtre pouvant recevoir 5000 spectateurs, des galeries d’art. Sans oublier l’opéra où se produit l’étonnant orchestre philharmonique du Qatar qui entend mixer les musiques orientales et occidentales et est composé de 101 musiciens venus de trente pays ! Une tour de Babel à l’image du pays où les qataris « pure souche » représentent seulement 15% des 2,3 millions d’habitants. Un cas probablement unique au monde. L’essentiel de la population étant composée d’expatriés venus d’Inde, du Pakistan, du Népal, des Philippines, d’Egypte, du Maghreb, etc …
Un tour au souk...
Il faut, bien sûr, passer aussi un peu de temps au souk. Reconstruit à l’identique après un gigantesque incendie en 2003, ce labyrinthe de maisons aux murs de chaux et de pisé, avec ses petites ruelles et ses petits marchands d’épice, de dattes, de parfums, de bijoux, de vêtements, d’objets artisanaux et moult souvenirs - dont une famille de poupées gigognes représentant la traditionnelle famille quatari avec la femme voilée - est un lieu très apprécié.
Des petits restaurants, ici et là, permettent de se sustenter, notamment avec l’excellent poisson Hamour (mérou) ! Un marchand d’eau avec ses vêtements folkloriques fait aussi l’animation. Et il n’est pas rare - surprise pour nous- de voir des femmes, recouvertes de la traditionnelle abaya mais dont le visage est découvert, fumer tranquillement la chicha à la terrasse de cafés.
Et il ne faut pas rater le souk de l’or, celui aux chameaux et le quartier de la fauconnerie et sa clinique dédiée à ce volatil. Une institution ici où des hommes en traditionnelle dishdasha blanche, marchandent des heures durant le prix du faucon - venu d’Afghanistan ou du Pakistan, et même d’Allemagne - avec lequel ils iront dans le désert à la chasse au lièvre, au fennec ou même à la gazelle. Les prix peuvent varier de 500 à 10.000 euros. Et l’on évoque même un faucon blanc un peu mythique qui aurait trouvé preneur à deux millions d’euros !
Dune bashing !
Autre curiosité, à une soixantaine de kilomètres de Doha, Khor Al Adaid, la « mer intérieure » classée au patrimoine mondial de l’Unesco, un des rares endroits au monde où la mer s’enfonce jusqu’au cœur du désert et qui abrite un écosystème unique. Et, dans la foulée, il est possible de faire de la conduite un peu sportive, un « dune bashing » que l’on peut traduite par « se faire secouer sur les des dunes ».
En 4X4, les pneus légèrement dégonflés pour une meilleure adhérence, le conducteur - chevronné, cela va sans dire - prend de face et à pleine vitesse une dune pour s’arrêter juste, tout juste sur la crête avant de redescendre d’un coup et de slalomer sur le sable en faisant crisser les pneus et jaillir des gerbes de sable. Adrénaline et fous rires garantis.
Ensuite, sans avoir eu le temps de goûter à toutes les activités offertes aux touristes par le petit émirat - notamment toutes sortes de sports nautiques - on peut passer la nuit en plein désert, à proximité du golfe, dans un campement de toile très confortable avec vrai lit, des sanitaires et même la clim et du wifi. Diner typique ensuite, puis dans la nuit noire, face aux étoiles, devant un feu de bois et une chicha à la pomme , vous regretterez de devoir rentrer à l’aube à Doha pour poursuivre demain votre voyage lointain.
Pratique :
Accès : Qatar Airways relie Doha à plus de 130 destinations dans le monde. Plus de 30 compagnies aériennes internationales desservent le Qatar.
Formalité : Passeport en cours de validité (+ 6 mois après la date de retour). Depuis le 1er novembre 2016, a été mis en place un visa de transit gratuit de 96 heures pour visiter le Qatar si vous voyagez avec Qatar Airways. A demander au moment de votre réservation.
Langues : arabe langue officielle. L’anglais est parlé couramment dans les villes et les hôtels.
Climat : climat désertique modéré, chaud en été, doux en hiver. Ensoleillement quasi-permanent. Meilleure période : entre octobre et avril.
Décalage horaire : + 2 heures en hiver, + 1 heure en été.
Argent : 1 euro = environ 4, 5 riyals.
Guide : Le petit Futé, très complet, à utiliser tout au long de votre voyage, 192 pages, 15,95 euros
Religion : la religion officielle est l’islam. Les adeptes des autres religions peuvent pratiquer librement leur culte.
Santé : Pas de vaccin obligatoire Il est nécessaire de boire de l’eau en quantité.
Tenue vestimentaire : Le Qatar est un pays de tradition musulmane, il faut donc respecter une certaine pudeur vestimentaire dans la ville (pas de jupe trop au-dessus du genou ou débardeur trop décolleté - privilégier les tee-shirts à manches courtes ou longues), toujours prévoir un châle et ou un gilet pour se couvrir.
Maillots de bain : les hôtels qui donnent sur la mer ont tous une plage privée où il est tout à fait possible et autorisé de se baigner à l’occidental.
Haras Al Shaqab
Spectaculaire haras, créé en 1992, voué à l’élevage et à la reproduction des fameux pur-sang arabes dont le talentueux Marwan qui a été primé champion du monde. Il y a ici 400 chevaux dont une petite moitié pour les concours. Y travaillent 150 lads et trois vétérinaires. Les chevaux bénéficient d’un jacuzzi spécial pour se baigner…Al Shaqab est aussi une académie équestre. Site web : www.alshaqab.com
Les fameux malls - il y en a une quinzaine-, pour les addicts du shopping, sont ouvertes de 9 h à 22h. Camp dans le désert : https://regencysealinecamp.com
Hôtels : Ritz Carlton Sharqvillage, d'un exceptionnel confort avec un étonnant spa Six sens. Boutique Hôtels du Souq Waqif : site web : www.souqwaqifresort.com. De petits hôtels joliment décorés et confortables, disséminés dans tout le souk. W Hotel avec son restaurant, le Spice Market, plusieurs fois primé, est remarquable et propose une belle carte de cocktails. site web : whoteldoha.com
Tours opérateurs : Ateliers du Voyage : www.ateliersduvoyage.com ; Directours : www.directour.com ; Aya Désir d’Orient : www.ayavoyage.fr et Kuoni : www.kuoni.fr.
Pour en savoir plus :
Consulter le site Internet en français de l’Office du tourisme du Qatar : www.visitqatar.qa/fr(Photos : E.Gabey).
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