Lanzarote, la beauté noire des Canaries

le 23/11/2016

Au large des côtes marocaines, cette petite île de l’archipel Canarien aux paysages lunaires et aux plages de sable blanc se la coule douce toute l’année. Des températures moyennes de 22° qui en font un des soleils d’hiver les plus prisés. Découverte…



Par Martine Delaloye

A priori, on peut se demander comment cet îlot recouvert d’une poussière de lave peut avoir quelque atout. Et pourtant, on ne résiste pas au charme de cette île jaillit des flots il y a 25 millions d’année. Un panorama à tomber. Des perspectives désertiques émaillées de villages blancs lumineux, d’où émergent palmiers et cactus tortueux. Des côtes frangées de sable d’or sur fond d’océan. Un climat de rêve toute l’année, on succombe. D’autant que la culture n’est pas exempte du paysage.

Téguise, l’ancienne ville royale fondée par, un conquérant normand, Maciot de Béthencourt dont la compagne se prénommait Téguise, ceci expliquant cela, offre son histoire épique au visiteur. Objet de nombreux pillages du pirate local Morato Arraez et d’ attaques berbères qui la réduisirent en cendre, la ville cède finalement son privilège de capitale à Arrecife en 1852.

On ne fait pas l’impasse sur l’église San Muguel, l’une des plus vieilles des Canaries et sur le marché dominical très prisé pour ses légumes et produits artisanaux. A visiter aussi à proximité le musée de la piraterie.

Autre curiosité, la région des vignes de La Geria entre Yaiza et San Bartolomé où les pieds de vigne sont piqués au fond de trous entourés de murets pour les protéger du vent, donnant ainsi aux vignobles un graphisme étonnant. Les vins sont agréables mais les récoltes modestes. A déguster dans de belles bodega en bordure de route. L’ile n’a de cesse de se donner en spectacle et le clou, c’est tout de même le Parc National Timanfaya.



Au sud-ouest de l’île, du jamais vu au Parc National Timanfaya…


Un patrimoine naturel unique. Les étendues surréalistes des Montanas del Fuego, montagnes de feu - la vallée de la tranquillité, le manteau de la Vierge, le Maciso del Fuego,le cratère de Corazoncillo… Un monde minéral extraordinaire, brûlant encore des dernières éruptions pas si lointaines entre 1730 et 1736 et il y a peu encore, en 1824 qui bouleversèrent la morphologie de l’ile. Un quart de la superficie reste engloutie sous un épais manteau de laves et de cendres. Montagnes rougies par l’oxyde de fer, bulles de lave éventrées, cheminées volcaniques, rocailles acérées, désert cendré, vastes cratères… On se croit sur la lune !

C’est chaud show…


A certains endroits, la croûte terrestre atteint à peine 2 m d’épaisseur et la température dépasse 400°C. C’est l’occasion de quelques démonstrations impressionnantes pour les touristes. Des branchages enfouis dans une cavité de roche s’enflamment instantanément. Ou encore, un seau d’eau versé dans un tuyau enfoncé dans le sol et quelques secondes plus tard, un jet de vapeur jaillit du sol.  A l’ouest du cratère principal, la température atteint 700°C à 27 m de profondeur. C’est cet endroit que César Manrique a choisit pour construire un restaurant panoramique El Diablo dont le grill est installé au dessus d’une cheminée volcanique.



Le mot clé, c’est « Equilibre » entre la nature et le tourisme…


C’est aussi le lieu de rassemblement des bus et vans autorisés à parcourir les 14 km du circuit de visite très règlementé. Attention, près d’1,5 millions de visiteurs fréquentent les lieux. Mieux vaut se lever de bon matin pour échapper à la foule et faire de belles photos sans encombre à la lumière du soleil levant !

Cet univers est fragile et sous haute surveillance. Pas question de batifoler dans la nature, il est interdit de descendre de voiture ! Le nombre de visiteurs est aussi sous contrôle. Le minéral, la flore, la faune y sont protégés. Il faut dire que les végétaux ont bien du mal à percer la roche volcanique et que seuls y poussent des lichens –près de 180 espèces - et des fougères apportant quelques touches de jaune au paysage où survivent petits lézards, insectes et oiseaux qui nidifient dans les cavités.

Dans sa particularité d’île volcanique, Lanzarote déclenche des passions et l’artiste César Manrique, enfant d’Arrecife, s’est non seulement inspiré de son paysage mais a nourri son œuvre de la matière, de la nature de son environnement qu’il n’a eu de cesse de protéger et d’embellir.

L’homme qui aimait son île…


César Manrique c’est le dieu de l’île, un dieu bienveillant et vénéré tant il a fait pour Lanzarote. Artiste peintre abstrait, architecte et sculpteur, ami de Warhol, à New-York où il expose, il aurait pu rester aux Etats-Unis. Il choisit pourtant de revenir sur les lieux qui lui ont permis de s’exprimer.

Personnage mondain, aimant faire la fête, il fait connaître Lanzarote à l’extérieur. Ses invités sont Rita Hayworth, Franck Sinatra, Omar Sharif, le roi de Jordanie ou encore Helmut Kohl... Il obtient, grâce à ses relations, que seule la méthode de construction traditionnelle soit autorisée, que les bâtiments ne dépassent pas deux étages et que les panneaux publicitaires soient bannis du bord des routes ! Bel exemple à suivre !

L’héritage culturel de César Manrique…


Manrique a marqué l’ile de son désir de protéger l’environnement et l’architecture et d’en sublimer les ressources. Lanzarote est semée de ses œuvres, musées, fondations, créations, lieux de culture qui accueillent de nombreux visiteurs.



- La Fondation César Manrique à Tahiche, un musée étonnant

Rien que l’originalité du site vaut la visite. Lorsqu’il découvre un figuier dont l’extrémité pointe d’une coulée de lave noire figée, Manrique décide d’y construire sa maison et d’utiliser les éléments naturels du sol, cinq bulles de lave qu’il relie entre elles et constituent les pièces à vivre. On lui fera même cadeau du terrain, considéré sans valeur. Aujourd’hui un musée y a trouvé ses marques ainsi qu’une fondation crée avec quelques amis pour promouvoir l’art, la culture et l’environnement. On déambule dans un monde d’art contemporain, où ses œuvres et celles de nombreux artistes dont Picasso, Tapies, Miro, Chillida… s’incrustent avec le mobilier et la piscine dans le décor insolite des bulles de lave.



- Le Jardin des Cactus

En créant ce site, sur une ancienne carrière servant de décharge, l’artiste évite les dégradations apportées à la nature et apporte une nouvelle ressource économique à la vallée de Gratiza, où prospérait l’élevage des cochenilles produisant un colorant naturel, détrôné par les colorants chimiques. Le jardin des Cactus et ses 1000 espèces, en provenance de tous les continents, attire dans son amphithéâtre dominé par un moulin traditionnel, un grand nombre de visiteurs en route pour les Jameos del Agua au nord.



- Les jameos del Agua et la Cueva de Los verdes

César Manrique a aménagé ces deux sites très visités, dans un vaste tunnel volcanique, situé au dessous du niveau de la mer. On pénètre ainsi dans ces « Jaméos », cavités souterraines, par un escalier sinueux au cœur de la roche et de la végétation.

Le parcours de près d’un kilomètre conduit tout d’abord à un petit lac d’eau saline et cristalline, peuplé de surprenants petits crabes blancs aveugles, puis longeant une passerelle on arrive à un jardin exotique souterrain de cactus, palmiers, figuiers. En fin de visite, on découvre un magnifique auditorium inscrit dans la roche volcanique où sont donnés de nombreux concerts - une des œuvres majeures de l’artiste - et à la sortie une piscine éblouissante de blancheur, sorte d’oasis contemporain faisant partie d’un projet initial prévoyant la création d’un hôtel de luxe.



- A proximité, le Mirador del Rio est aussi l’œuvre de Manrique. Un complexe architectural complètement intégré à la nature avec un grand espace de convivialité s’ouvrant par de larges baies sur le magnifique panorama du Risco de Famara, à 474 mètre au dessus de la mer. La vue sur l’archipel Chinijo, l’ile de la graciosa et sur la Falaise de Famara est absolument spectaculaire.



Mais Lanzarote, c’est aussi une succession de petits ports et de plages de sable d’or. Playa Blanca, Puerto del Carmen, Costa Téguise sont autant de paradis pour amateurs de farniente et de sports nautiques, tandis que cyclistes et randonneurs de plus en plus nombreux parcourent l’ile. Et à 45 mn de vol seulement, l’évasion se poursuit à Grande Canarie.


Notre carnet d’adresses :



Hotel Aqua Suites ****



A Puerto del Carmen, ce petit hôtel ne comporte que des suites, 63 pour 4 personnes et 4 pour 6 personnes, entourant la piscine et le jacuzzi. On y apprécie le confort contemporain, bien pensé des grandes chambres et l’intimité du lieu. En plus, on vous accueillera en français. www.aqua-suites.es

Restaurant QueMUAC - Castillo de San José à Arrecife

Situé dans le château de San José, l’un des Castillo protégeant la capitale de Lanzarote, il s’ouvre largement par de grandes baies vitrées sur la marina d’Arrecife. Le décor est résolument moderne et c’est l’une des meilleures tables de la ville où se pressent personnalités en tous genres. Un accompagnement musical, jazzy ou soul sur fond de vidéo complète l’ensemble. On peut regretter parfois l’ambiance un peu trop animée. Le soir, les lumières du port et des bateaux manoeuvrant en rade apportent la note romantique au diner. www.cactlanzarote.com

A visiter :


Le Musée Atlantique, un incroyable musée sous-marin

A Playa Blanca, le musée se situe entre 12 ou 15 m dans les profondeurs des eaux claires de la baie de Las Coloradas, sur une superficie de 2 500 mètres carrés. Il a été conçu comme un lieu de préservation, de conservation et d’éducation de l’environnement marin, l’une des préoccupations de l’artiste Jason deCaires Taylor. L’œuvre est constituée d’un ensemble de sculptures en béton de pH neutre, facilitant la reproduction des espèces de l’ile. 6O sculptures ont déjà été immergées, 240 nouvelles sculptures sont en cours d’installation. Toutes les sculptures ont été réalisées à partir de moulage sur des personnages réels. On ne peut malheureusement le visiter qu’en plongée (diplôme nécessaire) ou snorkeling. Il est prévu pour l’avenir des bateaux à fond transparent. www.cactlanzarote.com


Pour en savoir plus :


Y aller : liaisons aériennes Paris / Lanzarote : www.vueling.com

Office de tourisme : consulter site web : www.spain.info.fr

Photos : Martine Delaloye et Office du Tourisme




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