Brême, le grand charme d’une ville hanséatique

le 07/12/2015

Au nord-ouest de l’Allemagne, cette petite ville portuaire animée, à quelques encablures de la mer du Nord, regorge de curiosités, entre passé hanséatique et modernité. Découverte…


Par Martine Delaloye


Elle a du charme à revendre, cette cité bordant la Weser et plein de secrets hérités de son passé de ville hanséatique qui tenait le haut du pavé en Mer du Nord, puis en Mer Baltique.

Marktplatz, le cœur de la ville historique...


Une place, Marktplatz, d’une harmonie étonnante, surtout si vous avez la chance de la découvrir de nuit, lorsque les lumières cisellent les contours de l’Hôtel de Ville et de la statue de Roland, ces deux monuments fameux, classés au Patrimoine de l’Unesco. Entourés d’édifices tout aussi admirables, la Cathédrale St Pierre une église luthérienne du XIIe siècle de style gothique primitif, l’Eglise Notre-Dame, la plus ancienne de Brême du XIe siècle, la Maison du Parlement… Vous serez totalement éblouis par cet ensemble architectural impeccable!

D’emblée, la superbe bâtisse de l’Hôtel de ville s’impose. Construite en 1410, puis remaniée au XVIIe siècle, elle arbore une façade dans le plus pur style « Renaissance de la Weser ». Si vous regardez bien, vous reconnaitrez la statue de Charlemagne. Pour mieux comprendre l’ambiance de l’époque, il faut visiter la salle des banquets (Obere Rathaushalle) au premier étage. Tout le cérémonial austère des Conseillers de la ville et la prédominance de la navigation sur l’économie se retrouvent dans les fresques, les tableaux imposants et surtout les superbes maquettes de voiliers du XVI, XVII et XVIIIème siècles.



Face à la Cathédrale, il ne manque pas de personnalité, notre Roland, celui de Ronceveaux, défenseur du royaume des Francs. Il se dresse fièrement sur la place depuis 1404. Un peu sévère peut-être ! D’une hauteur de 5,5 mètres, Il symbolise les libertés si chères aux habitants de Brême. Une sorte de « Statue de la Liberté » locale!

Mais là, sur la gauche de la Cathédrale, cette drôle de sculpture de bronze représentant des animaux perchés les uns sur les autres… Ce sont les petits amis des enfants, l’âne, le chien, le chat et le coq, les protagonistes du conte éponyme de Grimm, Les Musiciens de Brême, les mascottes de Brême. Ils sont quasiment plus connus que la ville historique ! Petit rappel, des animaux trop vieux, destinés à disparaître, s’unissent et chantent dans les rues de Brême pour survivre.

Cette allégorie, l’œuvre de Gerhard Marcks réalisée en 1951, est très populaire. Et sur la place, si vous voulez les faire chanter, glissez votre dîme dans la plaque de fonte fendue comme une tirelire. Autant dire que cela amuse aussi beaucoup les petits. Jackpot pour la ville !



Böttchersstrasse, un bijou expressionniste…


Dans la foulée, poursuivez votre chemin jusqu’à la Böttcherstrasse, une petite rue pittoresque de 110 m de long seulement, mais très fréquentée. De petites maisons tout en briques rouges, serrées les unes contre les autres, que l’on croirait très anciennes. En fait, cette rue des tonneliers qui faisait le lien au Moyen-Age entre la Marktplatz et la Weser pour faciliter l’embarquement des marchandises a été entièrement reconstruite.
 


C’est Bernhard Hoetger qui a créé ici une œuvre artistique majeure de l’architecture expressionniste, à la demande de Ludwig Roselius un riche négociant qui a fait fortune en vendant aux Etats-Unis un produit de son invention, le café décaféiné. Entre 1920 et 1934, il rachète les maisons une à une. Dans la première, la seule de 1588, il installe le siège de sa société, Le café Hag, Sanka en France et se consacre aussi au mécénat.

Aujourd’hui, c’est un musée, Im Roselius-Haus, le premier musée au monde consacré à une femme peintre, Paula Modersohn-Becker (1876-1907), une artiste appartenant au mouvement worpswede de la fin du 19è siècle, qui prône le retour à la nature pour échapper à la modernisation.

Elle utilise la couleur comme mode expressionniste. Des nus, portraits, paysages et natures mortes, pleins de charme qui mettent en scène la campagne. Elle est considérée comme un précurseur de la peinture moderne et du 8 avril au 21 août 2016, le Musée d’Art Moderne de Paris, présentera ses œuvres.


Si vous êtes devant la maison du Carillon, à chaque heure, durant 7 mn, les 30 cloches en porcelaine de Meissen retentissent au son de Big Ben ou autre musique programmée, un concert ludique. Vous n’y serez pas seul !

Au bout de la rue, dans la maison Atlantis, l’escalier et la Himmelssaal sont de très beaux exemples de l’art nouveau. Actuellement, l’hôtel Radisson Blu a investi les lieux dans un style contemporain. Poussez la porte, cela vaut la peine.
Au total, six maisons où s’alignent bistrots, restaurants, échoppes de bon goût et où l’on prend plaisir à flâner.


Pas incontournable, mais très charmant le Schnoor, le quartier le plus ancien de la ville. Des petites rues pavées bordées de jolies maisons à colombages colorées aux toits pointus, un peu trop captées par de nombreuses boutiques et restaurants touristiques.

Fuyez cette ambiance trop mercantile, profitez des nombreux parcs de cette ville verte ou encore de la Weserpromenade Schlachte, Durant la belle saison, toute la jeunesse se retrouve sur les terrasses installées sur les berges de la Weser, jusqu’à l’ Überseestadt, l’ancien quartier portuaire de la ville, nouveau site de résidence. Entre architecture contemporaine et vieux entrepôts, s'installe tout un monde d’établissements et de boutiques à la mode.

Culture et modernité…


Et la culture ? Elle n’est pas oubliée, elle a son fief dans le quartier du Théâtre, sur la Goetheplatz où se trouvent l’opéra, et à quelques pas la Kunsthalle et le musée Gerhard-Marcks, la maison du sculpteur des animaux de Brême. Là, commence, Le Viertel, le quartier animé et coloré où se côtoient bars, restos, pubs, boutiques qui ne désemplissent pas de jour comme de nuit.

Le soir, filez au GOP, le Théâtre des variétés de Brême. Les spectacles sont de grande qualité et vous pouvez même dîner face à la scène pour un prix des plus raisonnables. N’hésitez-pas, le lieu vaut la peine et le repas aussi. Actuellement le spectacle s’appelle « Je t’aime » et c’est un vrai bonheur d’entendre des chansons françaises pendant le show très poétique de numéros de cirque et clowns. Et Il n’est pas indispensable de comprendre l’allemand. ! Informations : www.variete.de/spielorte/bremen

Il ne manque rien à Brême pour faire votre bonheur, lorsque les frimas se font sentir, les belles galeries couvertes, le Loyd Passage, le Domshof Passage et le Katharinen Viertel facilitent grandement les achats sans risquer de s’enrhumer.

Dès que vous quittez la vieille ville, la modernité est au rendez-vous dans des quartiers plus nouveaux où des entreprises liées aux nouvelles technologies, aux sciences et à l’astronautique s’inscrivent dans le 21ème siècle. Brême est le deuxième port allemand (en tonnage) après Hambourg, mais aussi une ville industrielle avec la construction navale (Lürssen, Abeking & Rasmussen), l'automobile (Mercedes-Benz), l'aéronautique avec EADS (Airbus, Astrium), la sidérurgie avec ArcelorMittal, l'agroalimentaire (siège social allemand de Kellogg’s, Kraft Foods), et la brasserie industrielle avec la célèbre bière blonde Pils, vendue dans le monde entier par Beck’s.

Notre carnet d’adresses :



Restaurant Bremer Ratskeller


Le Bremer Ratskeller, un restaurant absolument incontournable. Si vous ne dinez pas dans ces immenses caves voutées sous l’Hôtel de Ville, qui datent de plus de 600 ans, c’est que vous n’avez rien compris à Brême et à son histoire. Le lieu est unique. Plus de 650 vins y sont stockés, dont un vin de 1653, rosé (non par la couleur, mais à l’époque, la rose était considérée comme la plus belle des fleurs). Seuls le maître de chai et le maire ont le droit d’en boire, mais ils s’en dispensent pour préserver ce cru inestimable. La reine d’Angleterre Elisabeth II a eu droit a un dès à coudre !

La carte offre des plats très traditionnels mais en version plus light. L’ambiance est très conviviale et pas du tout folklorique. On est au cœur de la vraie vie. On peut aussi prendre son repas dans de tout petits cabinets privés appelés « Priölken » qui étaient réservés aux Conseillers de la ville pour se préserver des oreilles indiscrètes. Aujourd’hui, on ne peut pas fermer les portes, si l’on n’est que deux ! Site web : www.ratskeller-bremen.de

Le Restaurant du Théatre


Le Restaurant du Théatre : sur la Goetheplatz, ce restaurant attenant au Théatre propose une cuisine variée. Produits de la mer, mets d’inspiration italienne mais aussi des spécialités de Brême, comme un bouillon aux légumes et boulettes de poulet ou encore un plat du nord de l’Allemagne, composé de bœuf, pommes de terre et oignons mixés avec salade de betteraves rouges couronné d’un œuf au plat. Un peu surprenant pour nos papilles ! Ambiance conviviale. Site web : www.theatro.de

Pratique :


Y aller :

En avion : Paris-Hambourg, avec Air-France. Site web : www.airfrance.fr

En train : Brême est à 1 h de train de Hambourg par la Deutsche Bahn. Site web : www.bahn.com

A savoir :
 
Deux jours de visite sont nécessaires pour bien profiter de l’ambiance.

Pour en savoir plus :

Consulter les sites web : www.bremen-tourismus.de - www.germany.travel.fr

(Texte et photos : Martine Delaloye).





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