Randos à La Gomera, la belle surprise des Canaries

le 27/11/2015

La petite voisine de Tenerife, deuxième plus petite ile (après Hierro) de l’Archipel, mérite largement une halte de plusieurs jours. Le grand parc national de Garajonay vous y attend. Découverte…


Par Emmanuel Gabey

Voici un paradis pour randonneurs encore assez méconnu et discret, étonnant et attachant. Imaginez une ile toute ronde de 25 km de diamètre comme une orange coupée horizontalement. Les quartiers d’orange figureraient la foultitude de vallées qui parcourent La Goméra où les microclimats y sont nombreux.

La Gomera possède en son cœur le beau parc national de Garajonay (4000 ha) déclaré patrimoine mondial par l’Unesco en 1986 et dont le pic culmine à 1487 mètres. On pourra y découvrir la laurisilva (forêt de lauriers, vestige de l’ère tertiaire) la mieux conservée des Canaries avec des lauriers pouvant atteindre 10 mètre et de gigantesques bruyères arborescentes. Il héberge aussi une faune de plus de mille espèces répertoriées dont 150 sont endémiques, tel le pigeon de Bolle ou le pigeon des lauriers.

En raison de la condensation de la masse d’air par les alizés, à partir d’environ 700 mètres d’altitude, le mont Garajonay est ceint à longueur d’année d’une couche de nuages coiffant la forêt subtropicale et donnant aux branches d’arbres, aux troncs et aux feuilles tapissées de mousse, une allure irréelle. Ici ou là, on pourra voir des genévriers avec leurs petites têtes rouges, des cactus avec leurs figures de barbarie. Ou encore, plus bas, des amandiers en fleur rose du plus bel effet. A quelques kilomètres de distance, le paysage change du tout au tout et la laurisilva laisse la place à une campagne lumineuse plantée de figuiers, de palmiers et de vignes sculptées en terrasses ainsi que des bananeraies, l’une des grandes richesses de l’ile.

Des dizaines de chemins de rando…


A presque chaque virage, et Dieu sait qu’ils sont nombreux ici, on peut faire une halte à un belvédère qui permet de découvrir d’étonnants panoramas. Et parfois même les autres iles des Canaries, passe-temps favori des Gomeros.

En 2012, La Goméra a été victime d’un terrible incendie, probablement criminel, qui a détruit la végétation d’une partie de l’ile, essentiellement entre Las Hayas et Valle Gran Rey, dans l’ouest de l’ile. Aujourd’hui encore, on peut voir les traces du feu, même si les palmiers se sont déjà régénérés, seul le tronc restant noir. De même pour le pin canarien, dont la résistance au feu est remarquable - il se régénère en moins de six mois !- surtout si les racines ne sont pas touchées.

Telle une toile d’araignée très serrée, les dizaines de sentiers de randonnées - au total quelque 300 km- sont parfaitement balisés. Des plus courts et plus faciles, de l’ordre d’une heure et demi, jusqu’aux plus sportifs et longs qui peuvent largement dépasser les six heures de marche. Avec des dénivelés allant de 600 à 1200 mètres. Certains sont linéaires, d’autres en boucle.

De plus, tout au long du chemin, chaque sentier communique avec de nombreux autres, permettant une véritable rando à la carte selon vos goûts et vos capacités de marche. Et pour les plus expérimentés, La Gomera a concocté un GR 131, qui traverse toute l’ile de San Sebastian au sud à Villehermoso au nord, en passant par Chipude et surtout un GR 132 qui vous permet de faire le tour de toute l’ile à pied ! Tentant, non ?

Le rendez-vous des randonneurs…


A Las Hayas, au centre de l’ile, aux lisières du parc national de Garajonay, se trouve la casa Efigenia, un restaurant pas comme les autres lancé voici près d’un demi-siècle. « A l’époque, raconte Efigenia, les routes étaient quasi-inexistantes. Plutôt des sentiers que commençaient à découvrir les jeunes randonneurs, essentiellement des Allemands ». Elle n’avait pas vraiment l’idée de créer un restaurant, mais la demande a rapidement été si forte qu’il lui a fallu s’organiser.

Avec les produits du jardin, elle a bientôt proposé un repas végétarien avec les légumes qui font le bon pot au feu gomero, accompagné de cette pâte très nourrissante qu’est le gofio (farine de maïs grillé et moulue), arrosé de mojo rouge (piments, safran local, cumin et huile d’olive, un des condiments les plus appréciés aux Canaries) et accompagné de l’almogrotte (fromage de chèvre, beurre, sel, poivron, ail) que l’on tartine sur du pain. Et un flan « de la casa » pour conclure. Avec un petit verre de liqueur d’orange maison.

Un menu unique que satisfait grandement les randonneurs du parc qui viennent et reviennent nombreux jusque tard dans l’après-midi se sustenter et tailler une bavette avec Efigenia qui a toujours de nouvelles anecdotes à partager. Un endroit hors du temps et épatant !
 

Le silbo, langage sifflé des Gomeros…


La Gomera a aussi une particularité étonnante : un langage sifflé ! En fait, à l’époque pas si lointaine où il n’y avait pas de routes, il permettait aux Gomeros de communiquer d’une vallée à l’autre. Jusqu’à cinq ou six kilomètres !

« Il avait un peu de rôle du sms aujourd’hui », sourit Elisabeth, notre guide mariée à Gomero. Si aujourd’hui le phénomène est plus anecdotique, le silbo persiste encore dans quelques coins de l’ile. A la demande, les Gomeros sont ravis de faire une démonstration de cet étonnant langage où chaque syllabe correspond à un son d’une tonalité et d’une intensité variable. Depuis une dizaine d’années, pour maintenir la tradition, le silbo est enseigné de façon optionnelle à l’école. En 2009, le silbo est devenu patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Un chanteur folk français Féloche en a même fait une chanson sympathique que l’on entend de plus en plus en France « L’écho du silbo » dont les premiers mots sont « Il existe un endroit où les hommes parlent comme les oiseaux, (…), c’est une ile du paradis où les humains sifflent aussi le plus beau chant du plus bel oiseau, c’est le silbo gomero… »

Pratique


Climat : Au pays de l’éternel printemps, la température moyenne annuelle est de 22 °c.

Y aller : Iberia propose des vols directs au départ de Paris vers Tenerife Sud le samedi, et vers Tenerife Norte le dimanche + vols avec escales à Madrid ou Barcelone. Site web : www.iberia.com/fr

Ensuite prendre un ferry. Deux compagnies se partagent le trafic : Fred Olsen (la plus rapide) www.fredolsen.es et Naviera Armas www.navierarmas.com.
 
Pensez à réserver votre véhicule de location sur La Gomera avant le départ.

Formalités : la carte d’identité suffit.

Monnaie : Euro.

Horaires : les commerces sont ouverts de 10 h à 20 h ou 22 h dans les zones touristiques. Les banques sont ouvertes de 8 h 30 à 14 h.

Adresse : Un restaurant typique à ne pas rater : Casa Efigenia, Las Hayas,Valle gran Rey, La Gomera. Site web : www. efigenianatural.com

Guides : Le Petit Futé Canaries. Très complet et bien détaillé et le guide Evasions Canaries, très pratique, Hachette éditeur.

Pour en savoir plus :


Consulter le site web de l’Office Espagnol du Tourisme : www.spain.info/fr

(Photos : E.Gabey).


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