A la découverte de Sao Tomé, l’île chocolat
le 05/09/2014
L'archipel de Sao Tomé, posé sur l'Equateur, offre un subtil cocktail : paysages uniques, métissage pluriel, faune et flore très riches, tradition du cacaoyer… le tout dans un environnement préservé au charme unique. Découverte...

Par Emmanuel Gabey
Là où l'Afrique se serre la taille, perdues dans l'immensité bleue de l'Atlantique, on distingue à peine deux têtes d'épingles vertes à cheval sur la ligne imaginaire de l'Equateur : voici Sao Tomé et Principe*. A quelque 300 km des côtes du Gabon, ces deux îles baignent dans le golfe de Guinée, anciennes colonies portugaises pendant cinq siècles, oubliées des temps modernes, assoupies. Le slogan qui fait florès ici : leve, leve ,"doucement, doucement"… Tout un programme !

Cacao ou l'histoire de Sao Tomé...
La bonne fortune de Sao Tomé s'écrit en cinq lettres : cacao. L'or brun. Ce sont, en effet, les cacaoyers apportés du Brésil par les colons portugais, qui vont connaître un essor considérable tout au long du XVII ème siècle car l'île possédait toutes les qualités requises : température, hydrométrie, humidité, forêts ombragées grâce aux érythrines qui chapeautaient les plants de cacao, et fertilité du sol volcanique. Mieux, il y a tout juste cent ans, en 1913, l'île était le premier producteur de cacao au monde avec 36.000 tonnes, gagnant ainsi le surnom d'"île chocolat".
Cette production s'appuyait sur le système des roças, gigantesques plantations reliées à la côte par un chemin de fer intérieur qui permettait de transporter les fèves de cacao jusqu'aux bateaux en route pour l'Europe. Organisées en autarcie complète, les roças ne pouvaient fonctionner que grâce à des milliers d'esclaves venus d'Angola ou du Cap vert.
La deuxième vie de Sao Tomé...
L'abolition de l'esclavage, transformé en servage, modifia peu les choses. Avec l'indépendance, en 1975, les colons rentrent au Portugal. Commence alors le déclin des roças, aujourd'hui pour la plupart en état de décrépitude avancée, souvent squattées. Hangars, séchoirs solaires, maison de maître, chapelle, hôpital - souvent gigantesque - petites maisons d'ouvriers, dortoirs, fontaines immenses, tout à été arraché, inondé, dépouillé, en ruine...Ces bijoux architecturaux sont aussi mangés par une nature exubérante car le pays, qui vit pour plus des trois quart de son budget de l'aide internationale, n'a évidemment pas les moyens de les entretenir. Seule une poignée de roças fonctionne encore cahin caha. Elles produisent bon an mal an 2500 tonnes de cacao (pour une production mondiale de 3,5 millions de tonnes), du café, des fleurs magnifiques à la roça Sao José - les roses de porcelaine, l'étonnante ginger shampoo jaune ou rouge ou encore les bec de perroquet…

Une nature ébouriffante...
Dans cette île minuscule, la forêt est partout présente. La végétation luxuriante, touffue, exubérante, colorée, varie en fonction des microclimats ambiants. Plus d'une centaine espèces d'oiseaux, dont un bon tiers endémiques fera le bonheur des ornithologues. Pour les amoureux de la nature, c'est aussi un grand moment avec la découverte de quelque 700 plantes dont des dizaines endémiques que l'on retrouve, pour certaines, dans le jardin botanique de Bom Successo, à l'entrée du parc national Ôbo.Au nord, on trouvera une zone de savane et nombre de belles plages aux eaux limpides, la crique de Lagoa Azul et, curiosité mondiale, un troupeau de baobabs, branches levées au ciel et pieds dans l'eau. Au sud, les plages désertes, blondes à souhait comme Micondo, invitent aussi à la baignade et au farniente. Avec parfois, comme à Jalé, des petites zones d'incubation réservées aux œufs de tortue qui seront protégés jusqu'à ce qu'elles puissent rejoindre la mer sans rencontrer de prédateurs.

Et pour finir en beauté ce périple d'exception, il faut sans aucun doute faire une petite escapade plein sud, à la minuscule île des Tourterelles, à vingt minutes de barque à moteur. C'est là qu'un petit monument matérialise la ligne imaginaire de l'équateur. Vous pourrez ainsi avoir, le temps d'une photo, un pied sur chaque hémisphère.
*N'ayant pu visiter la petite île sœur de Principe (dont les rares visiteurs disent le plus grand bien), cet article ne concerne que Sao Tomé.
Pratique
- Voyagiste : Héliades vient d'ouvrir cette nouvelle destination authentique, hors des sentiers battus. Il propose trois circuits dont un autotour et un circuit rando.- Décalage : moins une heure en hiver, moins deux heures en été.
- Formalités : Visa (20 euros) à demander au consulat de Marseille (111 rue du Cdt Rolland 13008, tel : 0491375802) ou de Paris (144 bd Haussmann 75008, tel : 0142562573). Taxe de sortie du territoire à payer à Sao Tomé : 18 euros. Rensenseignements : www.sao-tome.st
- A savoir : A Sao Tomé, ne pas manquer d'aller faire un tour au centre culturel Cacao, largo das Alpandegas. Site : www.cacaocultural.com
- Hébergement à Sao Tomé : Club Santana, bungalows particulièrement agréables. www.clubsantana.com ou hôtel Pestana, www.pestana.com
- Guides : Sao Tomé, éd. Karthala et Petit Futé, Gabon et Sao Tomé
Pour en savoir plus
Consulter le voyagiste Héliades, tél. 08 92 23 15 23 et dans les agences de voyage. Site web : www.heliades.fr(Photos : E.Gabey).
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