Venise Simplon Orient Express, l’échappée romantique

le 04/09/2014

Des luxueuses voitures à livrée bleue et or nous attendent sur le quai N° 5 de la gare de l'Est de Paris. Les longs couloirs tapissés d'acajou et de palissandre, de bois de violette ou de rose nous transportent hors du temps. Nous sommes certainement à bord du plus beau train du monde. Embarquement pour un voyage de rêve…



Il est 9h20 sur le quai numéro 5 de la Gare de l'Est, l'air est encore un peu frais mais ça sent bon le printemps et les Années Folles. Le tapis est déployé et les premiers passagers arrivent pour se faire enregistrer au comptoir du mythique train. Sous l'immense verrière de la gare, onze voitures nous attendent. Elles sont flanquées sur leurs flancs bleu marine de lettres d'or VSOE, comprenez Venise Simplon Orient-Express.

Un steward en livrée blanc et gants blancs se tient debout, à l'entrée de chaque voiture. Il nous conduit jusqu'à notre cabine.  Chaque cabine, simple ou double, possède son cabinet de toilette privé avec serviettes de bain moelleuses et une gamme complète de produits de toilette. Comment ne pas rester insensible à la marqueterie en bois de sycomore et aux porte-bagages en cuivre.

A 9h55, le train s'ébranle lentement, sort de Paris et prend de la vitesse. Les voitures grincent, vibrent mais quel bonheur ! Le même Orient express qui, en 1883 partait pour Constantinople. A 11h30, le déjeuner est servi. Nous prenons notre repas dans la voiture : Etoile du Nord. Des serveurs italiens très affables s'affairent. Au menu, salade de saumon d'Ecosse fumé, demi-homard et petits légumes et tarte Tatin moelleuse, quel délice ! Une cuisine de style internationale de palace qui est signée du chef français, Christian Bodiguel.


Une histoire tourmentée…

Ce train très romanesque né à l'origine de la volonté de Georges Nagelmackers, un industriel belge qui abolira les frontières. Dans l'entre-deux guerres, l'Orient-Express et son petit frère le Simplon-Orient-Express accueillait des familles royales, chefs d'Etat, princes, ducs, diplomates et hommes d'affaires et des célébrités du septième art comme Marlène Dietrich, Jean Marais, Alfred Hitchcock et tant d'autres.

En 1962, le Simplon Orient-Express disparaît avec l'arrivée de l'avion et de la guerre froide et l'Orient-Express en mai 1977 Si ce train revit de nos jours, c'est grâce à la ténacité de James B.Sherwood, un américain, fou amoureux des trains, qui à la fin des années soixante-dix, rachète des voitures de l'Orient-Express éparpillées. Il fait restauré tout à l'identique, dans le style Art nouveau des années trente.. Depuis 1982, le VSOE assure à la belle saison la ligne Calais-Venise et une fois l'an, il refait le voyage légendaire d'Istanbul.


Le train du raffinement…

Alors que la lumière du jour disparaît peu à peu, à bord tout est luxe, calme et volupté. Le mythe de personnages imaginaires comme Hercule Poirot, Lady Chatterley et James Bond dans " Bons baisers de Russie " ressurgit. Nous passons par une voiture historique signée René Prou. On ne peut s'empêcher de d'effleurer la marqueterie, de caresser le velours du canapé avant de rejoindre au centre de la rame, le bar envahi par les passagers. L'éclairage y est tamisé par de petites lampes en bronze à l'abat-jour rose. Le pianiste joue tandis que les garçons en veste blanche, discrètement, portent des coupes de champagne.

Puis, le dîner est annoncé dans les wagons-restaurants. Il y en a trois, tous décorés différemment. Ce soir, nous prenons place dans le Pullman " Côte d'Azur " avec une décoration signée René Lalique. Les premiers passagers arrivent vêtus de tenues chic, élégance anglaise oblige. Robes de soirées pour les dames et "dinner jacket" pour les messieurs sont de mise. Il n'y a qu'à jeter un œil à travers les fenêtres et se dire, quel restaurant du monde vous offre autant de paysages en 24h ?



Le chef, Christian Bodiguel et sa brigade confectionnent des repas dans un espace étroit de 12 m2. Une prouesse. Seuls les produits frais ont leur place: homard, lotte, fois gras, ris de veau, filets de bœuf. Après le dîner, direction la voiture-bar de 1931 où le pianiste joue à la demande des hôtes des morceaux choisis jusque tard dans la nuit tandis que le train file vers Venise. C'est ça le vrai luxe et pour certains passagers que nous avons rencontrés l'accomplissement du rêve d'une vie. Et beaucoup s'exclament à la manière d'Agatha Christie : " quel voyage ! ".




Christian Bodiguel, l'attentionné Chef du Venise Simplon Orient-Express



Le légendaire Venise Simplon Orient-Express est non seulement un train de prestige mais aussi un restaurant gastronomique roulant incomparable. Il y a peu de trains dans le monde qui peuvent se vanter de proposer une restauration gastronomique digne des meilleurs établissements des grandes capitales. Si le VSOE est devenu au fil des années un véritable restaurant ferroviaire, c'est grâce au talent et à la ténacité de son chef Christian Bodiguel.

De la Bretagne à l'Orient-Express…

Tombé tout petit dans les marmites, ce breton au regard espiègle a su relevé un défi : travailler des produits frais à bord d'un train au sein d'un vraie cuisine roulante qu'il a lui même dessinée mais de 12 m2 seulement . Après un parcours professionnel parisien classique, depuis 1985, Christian Bodiguel s'est découvert un goût prononcé pour les voyages et le contact humain. Il relève un challenge quasi quotidien. Lorsqu'il est arrivé sur le train, loin de lui l'idée faire carrière sur le VSOE. Il s'investit car il n'y a pas un restaurant au monde qui offre un tel panorama dans une journée confesse -t-il bien volontiers.

L'œil sur les produits frais…

Sur le quai numéro 5 de la Gare de l'Est dédié au VSOE, il embarque homards, soles, turbots, poulets de Bresse... tout droits arrivés des halles de Paris. Fervent défenseur de la gastronomie française traditionnelle, il n'hésite pas à apporter sa touche contemporaine. Christian Bodiguel a l'œil sur les produits frais et nobles qu'il travaille. Il ne voudrait pour rien au monde décevoir ses hôtes. La composition de ses menus suit à la fois le fil des saisons et les destinations du train. Il orchestre cela avec une touche locale. Au départ de Venise, il apporte une tendance italienne, sur le voyage annuel qui conduit les passagers à Istanbul, on trouvera des épices.

Il souhaite répondre à la demande des palais les plus exigeants et n'hésite pas à se déplacer de tables en tables pour prendre la température et répondre patiemment aux questions des voyageurs. Le Chef Bodiguel, ambassadeur de la gastronomie ferroviaire est un homme comblé par son métier mais il a un seul petit regret et nous aussi, pourquoi sa " table " n'est-elle pas référencée à l'index du célèbre guide vert ?

POUR EN SAVOIR PLUS :

Outre le célèbre périple de Paris à Venise, vous pouvez passer une journée à bord de l'Orient-Express de Paris à Calais et retour avec un délicieux brunch et un dîner gastronomique. De mars à novembre l'Orient-Express effectue des voyages aller-retour Londres- Paris-Venise et sur quelques dates, il se rend à Budapest, Prague, Vienne, Rome et une fois par an à Istanbul.

Renseignements auprès de Venice Simplon Orient-Express Voyages, 30, rue d'Orléans, 92200 Neuilly sur Seine, tél. 01 55 62 18 00. Site web : www.belmond.com

A lire :
-" L'Orient-Express " par Jean des Cars et Jean-Paul Caracalla aux éd.Denoël
- " Trains de rêve ou l'art de voyager " de Jonathan Farren aux éd. Hermé qui consacre un vaste chapitre à l'Orient Express.

Et aussi,
- " Le Crime de l'Orient-Express " d'Agatha Christie
- " L'Orient-Express " de Graham Greene
-" L'amant de Lady Chatterley " de D.H. Lawrence

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