Centre Historique Minier de Lewarde, témoin de trois siècles d’activité

le 30/10/2019

Situé à 8 km de Douai, le Centre Historique Minier, installé sur le carreau de l’ancienne fosse Delloye regroupe 8 000 m² de bâtiments industriels et de superstructures. Laissez-vous emporter dans la mine . Découverte…



Classé Monument historique depuis 2009, le Centre Historique Minier constitue l’un des sites remarquables du bassin minier inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2012. Véritable conservatoire de la mémoire de la mine, c'est le plus important musée de la mine en France.

Trois siècles d’histoire…


La véritable histoire du bassin minier commence avec Jacques Desandrouin qui, en 1716, entreprend des recherches dans la région de Valenciennes, prolongement naturel du riche gisement houiller déjà en exploitation à cette époque en Wallonie, région que la France vient de perdre au traité d'Utrecht en 1713.  Après une vingtaine d'années de laborieux forages, il trouve à Anzin, le 24 juin 1734, une importante veine de charbon gras d'excellente qualité. Au cours de son histoire, ce bassin minier se déplace d'est en ouest, du Nord au Pas-de-Calais où le charbon est découvert à Oignies en 1841.

Le bassin s'étend de Valenciennes à Bruay, en englobant les régions de Douai (Nord), Lens et Béthune (Pas-de-Calais) sur une longueur d'environ 120 km mais sur une faible largeur qui n'excède jamais 12 km. Ainsi, le bassin minier recouvre environ 1/12ème de la superficie totale du Nord-Pas-de-Calais. Son évolution d'est en ouest s'accompagne d'une exploitation de plus en plus profonde. Si les puits de l'est ne descendent guère au-delà de 500 m, les puits les plus profonds sont creusés dans la région de Lens jusqu'à 1200 m.


Au total, ce sont deux milliards de tonnes de charbon qui sont extraites de ce bassin minier, la plus forte activité se situant autour des années 1930 à 1960 où 200 000 personnes en moyenne sont employées à l'extraction d'environ 30 millions de tonnes par an. Le 21 décembre 1990, les Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais ferment leur dernier puits d'extraction du charbon, mettant fin ainsi à trois siècles d'histoire de l’exploitation minière dans la région.

La fosse Delloye et le Centre Historique Minier…

La fosse Delloye, de l’ancienne Compagnie des Mines d’Aniche, commence son activité en 1931. Cette année-là sont extraites 18 634 tonnes de charbon. Le record de tonnage est atteint en 1963, avec 1 218 tonnes extraites par jour. Difficile à exploiter, le gisement devient peu rentable et l’exploitation s’arrête en 1971. À la même époque, la direction des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais est déjà persuadée de l’importance de la création d’un centre historique minier qui apporterait aux générations suivantes le témoignage de près de trois siècles d’activité minière.

Le projet porté par Alexis Destruys, alors Secrétaire Général des Houillères, ce projet est validé par le Conseil d’Administration le 6 novembre 1973 et c’est la fosse Delloye à Lewarde, en instance de démantèlement, qui est choisie pour accueillir le Centre Historique Minier. Le choix s’explique notamment par l’aspect esthétique des bâtiments industriels.


En 1982, c’est la création de l’Association du Centre Historique Minier, pour une ouverture au public en mai 1984. En 2016, le statut du Centre Historique Minier évolue vers un Etablissement Public de Coopération Culturelle.

Visites en famille…


Lors de la sortie du film Germinal, de Claude Berri (en 1993), le public montre un vif engouement pour l’univers de la mine. Cette année-là, le Centre accueille 168 000 visiteurs. La même année sont créées les expositions permanentes dans le bureau comptable, le triage et la machine d’extraction du puits n° 2. En 1994, le Centre accueille son millionième visiteur. Les activités continuent à se développer avec le lancement d’une collection d’ouvrages consacrés à la mine sous le nom Mémoires de Gaillette.

En 2002, le Centre inaugure 4 000 m² de bâtiments neufs ou réaménagés, dans le cadre d’une restructuration architecturale et muséographique, qui permettent de recevoir le public dans un nouveau bâtiment, de proposer une nouvelle exposition permanente « Les trois âges de la mine » et d’offrir des services supplémentaires.

En 2017, l’exposition « Coup de foudre, la merveilleuse histoire de l’électricité » marque la montée en puissance du centre de culture scientifique. Depuis 2018, les familles bénéficient d’une offre permanente avec Explora’mine, visite guidée du circuit minier particulièrement adaptée aux enfants.


Le Centre Historique Minier propose une programmation d’expositions temporaires à caractère historique, scientifique ou artistique.

La fosse Delloye, classée Monument historique…


La fosse Delloye, mise en fonctionnement en 1931, cesse son activité en 1971. Un millier de mineurs travaillaient dans ce siège d’extraction et produisaient, en moyenne, 1 000 tonnes de charbon par jour. Ce site de 8 hectares est constitué de bâtiments industriels à l’architecture unique, lieux de travail authentiques ouverts aux visiteurs : la salle de bain où vêtements suspendus et films d’époque illustrent le passage des ouvriers, la lampisterie où sont alignées des centaines de lampes, ainsi que l’écurie où le hennissement du cheval et le bruit du fer martelé par le maréchal-ferrant accueillent le public.

À découvrir aussi les imposantes bobines de la machine d’extraction et le matériel médical dans l’infirmerie… sans oublier les bureaux administratifs qui montrent comment, dans les années 30, travaillent l’ingénieur, les géomètres, le comptable qui prépare la « quinzaine », le salaire des mineurs, ou encore le délégué-mineur.

« Quand le charbon crée l’histoire d’une région »…


« Quand le charbon crée l’histoire d’une région »… s’exprime à travers une collection de 15 000 objets. L'exposition illustre cette découverte du monde de la mine, pour une immersion au cœur d’une aventure industrielle et humaine unique.

À l’origine du charbon, le Carbonifère est consacrée au processus de formation du charbon, commencé il y a 320 millions d’années lors du Carbonifère : aux côtés d’affiches et objets publicitaires, différents types de charbon, que l’on peut toucher, des représentations microscopiques et une très belle collection de fossiles illustrent le Nord-Pas de Calais de l’ère primaire qui donna naissance aux terrains houillers du bassin minier.

Un parcours chronologique intitulé « Les trois âges de la mine » relate trois siècles d’histoire des mines du Nord-Pas de Calais, du XVIIIe siècle jusqu’à la fermeture du dernier puits en 1990. Une série de maquettes originales de sites miniers à différentes époques, de nombreux documents d’archives, photographies, films, objets et œuvres d’art, montrent l’évolution du paysage industriel et les techniques utilisées au cours des 270 ans d’extraction du charbon dans le Nord/Pas de Calais.


Enfin, une vaste fresque chronologique immerge les visiteurs dans les grandes dates de l’histoire économique et sociale du bassin minier. Grâce à l’exposition "Le cheval et la mine" les visiteurs revivent, en sons et en images, l’ambiance des écuries de la fosse, tout en comprenant le travail de l’homme et de l’animal, au jour et au fond, le type de chevaux employés, leur alimentation, ou encore les différentes professions en rapport avec les chevaux…


La visite guidée des galeries : « Voyage au cœur de la mine »…


Le "Voyage au coeur de la mine" se réalise en compagnie d’un médiateur culturel. On plonge dans les entrailles de la mine pour revivre le quotidien des mineurs de fond. La passerelle du personnel mène les visiteurs au moulinage et au triage où ils revivent en sons et en images le rôle des femmes et des galibots affectés au tri du charbon. Enfin, lors de la « descente » dans les galeries, c’est l’ensemble des techniques et des conditions de travail au fond qui s’offrent à eux, de l’époque de Germinal aux années 1990. Une visite sensorielle rythmée par le vrombissement des machines et les projections vidéo !



Pour la visite des expositions permanentes et des galeries, des audioguides sont disponibles en plusieurs langues. Les dimanches, en période de vacances scolaires et jours fériés, le Centre Historique Minier propose de participer à Explora’mine, une visite guidée des galeries du fond destinée aux familles !

À travers l’histoire d’une famille de mineurs du Nord-Pas de Calais, adultes et enfants se glissent tour à tour dans la peau de ces personnages pour comprendre les conditions de travail des mineurs de fond. Une visite interactive dont chaque membre de la famille est acteur.


Un centre de ressources documentaires…

Le Centre historique minier, c’est aussi un centre de ressources documentaires. En 1984, les Houillères du Bassin du Nord-Pas de Calais reçoivent l’autorisation de la Direction des Archives de France de gérer elles-mêmes leurs archives et de confier la collecte, la gestion et la valorisation au Centre Historique Minier. Telle est la vocation du centre de ressources documentaires qui rassemble à ce jour 2 500 mètres linéaires d’archives couvrant toute la période d’exploitation du charbon dans le bassin du Nord-Pas de Calais (1720-1990).

Avec une bibliothèque de plus de 7 000 ouvrages, une cinémathèque d’environ 500 films ainsi qu’une vidéothèque de 600 cassettes et une photothèque comptant près de 500 000 diapositives et négatifs, cet impressionnant fonds documentaire permet d’aborder l’ensemble des thématiques liées au monde de la mine. Grâce à ces précieux documents, le Centre a notamment pu apporter son concours au réalisateur Claude Berri pour la préparation du tournage de son film "Germinal".


A ne pas manquer : du 3 février au 20 septembre 2020…

Exposition : « 1720 : une découverte au cœur des révolutions industrielles »

Le 3 février 1720, dans la pâture de Jeanne Collard près de Fresnes-sur-Escaut, on découvre une veine de charbon de quatre pieds d’épaisseur. L’année 2020 verra donc la commémoration du tricentenaire de cette découverte qui a révolutionné l’histoire du territoire du Nord-Pas-de-Calais et même de la France.

Le charbon devient une source d’énergie capitale à partir du moment où l’on comprend qu’il permet de produire de la vapeur, essentielle au développement des industries, grâce à la mécanisation. Ainsi, entre le18ème et le 19ème siècle, l’avènement de la machine à vapeur marque l’entrée dans la révolution industrielle. Elle permet de dépasser les limites propres à la force du vent ou de l’eau et surtout celles de l’énergie musculaire. Le charbon est alors au cœur de la révolution industrielle tonitruante qui débute à cette période et qui marquera les esprits tant elle aura apporté de changements dans tous les secteurs et les modes de vie.

Pour en savoir plus :


Centre Historique Minier, rue d’Erchin – CS 30039 – 59287 Lewarde, tél. + 33 (0)3 27 95 82 82 www.chm-lewarde.com

(Photos : D.Krauskopf et Centre Historique Minier).

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