Belfast, arty, inspirée et cosmopolite

le 26/10/2017

Oubliant son passé cabossé, la capitale de l’Ulster fait preuve d’un renouveau fulgurant. La ville du Titanic séduit les visiteurs internationaux tant par son histoire que par son art de vivre et sa créativité. Découverte…



Par Martine Delaloye

Le passé comme tremplin...


Ville portuaire encerclée de collines verdoyantes, Belfast est une ville à dimension humaine où il fait désormais bon vivre, perpétuant la tradition d’accueil légendaire des irlandais.



Après vingt années de paix, succédant aux violents conflits qui ont bousculé l’Irlande du Nord, et Belfast en particulier, la population et surtout la jeunesse qui n’a pas connu les rivalités, se tourne résolument vers l’avenir.  Belfast n’a de cesse de se réinventer à travers la gastronomie, la mode, l’art, la littérature, la musique, le théâtre ou encore le cinéma. Une énergie créatrice qui réunit les communautés au delà des religions et des clivages sociaux et qui engendre toute une génération de jeunes artistes.


Des fastes victoriens à la modernité...


Implantée à l’embouchure de la rivière Lagan, Belfast ne saurait renier son passé industriel florissant du commerce du lin et du tabac et ses chantiers navals prestigieux. Tels des symboles de la ville, deux énormes grues, Samson et Goliath, dominent les chantiers navals Harland and Wolff, d’où émergea, si on peut dire, le Titanic, les Tours Eiffel locales !



Parcourant la ville, on n’est pas sans remarquer les nombreuses rues et places, portant le nom de la reine Victoria et l’architecture victorienne de beaucoup d’édifices, témoins de cette période de plein essor économique et industriel. Le Grand Opéra, le City Hall à Donegal Square, la cathédrale Ste Anne, St Georges Market… Ou encore le plus ancien pub de la ville The Crown et sa façade incrustée de faïences, ses verres teintés et ses boiseries. Queen’s University beau bâtiment de brique rouge est plutôt de style Tudor.

Et à proximité, car rien n’est vraiment loin, en plein cœur de la ville, Victoria Square, immense centre commercial contemporain joue le contraste. Ce temple du shopping pour Urban Outfitters à cran héberge toutes les grandes marques de chaîne bien sûr. A deux pas sur Arthur Street, l’artère commerçante. Jack Wills, Cath Kidston, ont pignon sur rue. Au 41 Arthur Street, la boutique Avoca est le paradis du shopping irlandais.



On ne résiste aux plaids moelleux en mohair, aux étoles en cashmere aux couleurs tendres, aux manteaux trendy ou encore aux petits savons parfumés, Irish mugs, pots de marmelades, et autres goodies. Incontournable ! Pour les aficionados de la marque irlandaise de mode à petits prix, Primark, sur Castle Street est la bonne adresse. Particularité de la ville, les Black cab, pas toujours noirs d’ailleurs, proposent des tours de ville avec au volant des chauffeurs diserts prêts à vous parler de leur ville avec passion. Site web : www.touringaroundbelfast.com



Le quartier du Titanic, cosmopolite et trendy...


Un peu excentré, face aux chantiers navals, le Musée du Titanic et son architecture en forme d’iceberg, est devenu la figure de proue de la ville. Sa fréquentation ne cesse de progresser, drivant des visiteurs de tous les continents, si bien qu’un hôtel de luxe, le Titanic Hotel Belfast, vient d’ouvrir juste en face, dans l’ancien siège historique de Harland & Wolff où fut conçu le paquebot. 119 chambres, une décoration contemporaine dans la structure d’origine des locaux où perdure la mémoire du Titanic. Curieusement, l’ancienne cabine du télégraphe est devenue la salle des demandes en mariage ! Site web : www.titanichotelbelfast.com

Aujourd’hui, ce quartier est en voie de gentrification rapide. La population est passée de 35 000 à 135 000 habitants.

- Musée du Titanic Belfast

Depuis son ouverture en 2012, pour le centenaire du naufrage du funestement célèbre paquebot, le Musée Titanic Belfast est l’attraction la plus populaire d’Irlande du Nord. Neufs galeries dédiées à son histoire.



Les ateliers de constructions où les ouvriers peinent par manque de place, éclairés à la bougie. Le magistral escalier donnant accès aux pièces de réception.Le lancement en grande pompe, dans une ville en plein essor, qui regorge de fierté d’avoir construit le plus grand paquebot du monde. Le voyage inaugural et les rêves des passagers en route vers l’Amérique. Le premier message de détresse annonçant que le Titanic a heurté un iceberg. Le naufrage en quelques minutes du bateau que l’on voit basculer inexorablement à la verticale dans les eaux froides entraînant par le fond des milliers de passagers. A 2 h10 du matin, le 15 avril 1912, le Titanic a cessé d’émettre. Le navire a coulé en 55mn. Suivent les témoignages des rescapés, la disparition d’hommes courageux… L’émotion est au rendez-vous.



Puis les fouilles des fonds marins comme si on y était, où apparaissent une chaussure, une poêle... des objets de la vie courante qui prennent ici tout leur sens. La visite se termine sur les récits, documents, rapports, les mythes et légendes, les nombreux livres et films dont celui de James Cameron, le plus célèbre. Des audioguides dans différentes langues facilitent la visite. Attention, le musée est très fréquenté, il est sage de s’y rendre dès l’ouverture. Surtout pour éviter de faire la queue pour prendre le petit train qui se faufile dans le labyrinthe du chantier naval. La vie avec les ouvriers comme si on y était, la chaleur de la forge, l’exiguïté des espaces, les coups de marteau… Le Musée accueille 625 000 visiteurs par an en provenance de 170 pays. Site web : www.titaneicbelfast.com

- Le SS Nomadic, le transbordeur du Titanic

A quai à proximité est amarré l’ancien transbordeur du Titanic, le SS Nomadic. Ce paquebot de la White Star Line, après une équipée rocambolesque entre les divers propriétaires, dont la Royal Navy pendant la 2ème guerre mondiale, un passage à Cherbourg, où il a failli devenir un restaurant sur la Seine, est désormais un musée flottant consacré au luxe des paquebots de l’époque, avec un restaurant à bord. A noter, un seul billet permet la visite du musée et du SS Nomadic. Adresse : Hamilton Dry Dock.

Le quartier de la Cathédrale Ste Anne, nocturne et arty...


Tout autour de la Cathédrale Ste Anne, au cœur du plus ancien quartier commerçant de la ville, s’est instaurée une vie culturelle animée entre cinéma, musées, théâtres, pubs littéraires… C’est le quartier où sortir le soir ! Perchées sur leurs stilettos, moulées dans leur robe sexy, les Belfatoises font la fête…pas trop tard toutefois, les pubs ferment à 2 h du matin, les boites de Queen’s Quater à 3 h !

Dans les petites rues pavées s’organisent des spectacles, des concerts en live, des sessions de musique, des expos… Un quartier alternatif où les pubs comme The Dirty Onion, The Duke of York, The John Hewitt ou The Crown, le plus ancien et le plus connu, perpétuent la tradition de l’accueil irlandais. Si les murals de Falls Road ou de Shankill sont très visités, le Street Art a aussi pris possession des murs du quartier. Il existe même un circuit de 2 h pour en faire le tour et un festival « Hit the North » créé par Adam Turkington, invite les artistes à s’exprimer. De l’art revendicatif à l’art clandestin, ils sont nombreux à créer de véritables œuvres d’art murales, Dermot McConaghy alias DMC, Visual Waste, Friz, JMK, MTO…


St Georges’s Market, foodie et convivial...


L’endroit est des plus sympathiques. Ce marché victorien en briques rouges, datant de 1896, est le rendez-vous des locaux mais aussi des touristes qui, en fins limiers, succombent au charme des étals débordants de poissons, de fruits et légumes, de viandes de la ferme, souvent bio. Un régal des yeux. Le week-end, l’ambiance change. Place aux concerts de jazz, aux animations… On s’y retrouve entre amis, en famille, autour d’un café, d’un thé ou de l’ Ulster fry, le petit déjeuner typique très copieux. Site web : www.belfastcity.gov.Uk/stgeorgesmarket


Queen’s Quarter, vert et animé...


Au cœur du magnifique jardin botanique aux élégantes serres tropicales, trône le bel édifice Tudor rouge de la Queen’s University of Belfast, l’Université de Belfast. Quelques élèves prestigieux dont l’écrivain Seamus Heaney et David Trimble, deux prix Nobel, l’acteur Liam Neeson, ou encore l’ancienne présidente de la République d’Irlande Mary McAleese y étudièrent. Bars étudiants sympas, galeries, boutiques de designers, restos branchés… Le quartier vibre d’une belle énergie !



En face l’Ulster Museum, est le plus grand musée d’Irlande du Nord. Dans son coffrage contemporain, lumineux et aéré, sont organisées d’intéressantes expositions permanentes d’histoires naturelles, d’arts plastiques. On peut y voir des tableaux de Turner, Bacon, Dubuffet et des expositions temporaires comme la tapisserie de Game of Thrones, mesurant 77 m de long et qui retrace 7 épisodes de la série. Réalisée en lin, c’est un hommage au passé industriel de la ville. Malheureusement, la scénographie n’est pas au top. Jusqu’au 4 mars 2018.


Les murals de Falls Roads et de Skankill, visite incontournable...



Les « murals », peintures murales de Falls Road et Shankill Road à l’ouest de Belfast, résument telle une bande dessinée l’histoire de l’Irlande du Nord. 4000 fresques, relatent trente années de conflits. La visite qui peut se faire à pied ou en voiture, longe les fresques colorées, évocatrices, anciennes ou récentes représentant un épisode, une figure de combat, la violence ou les aspirations de paix. Sur la façade du bureau du Sinn Féin, une grande fresque représente Bobby Sands, membre de l’Ira, mort à la suite de la grève de la faim entamée face à Margaret Thatcher, un épisode tragique restée dans les mémoires. Le Bloody Sunday à Derry le 30 janvier 1972 où 14 manifestants furent assassinés par l’armée britannique est aussi largement évoqué. Un parcours qui ne laisse pas indifférent…

Notre carnet d’Adresses :


- Hôtel Malmaison Belfast

Cet hôtel funky et contemporain de 62 chambres et suites a pris ses quartiers dans un ancien entrepôt de lin dont on a gardé la structure. Idéalement situé sur Victoria Street, il est tout près du centre commercial de Victoria Square et du quartier de Ste Anne’s Cathedral. On appréciera plus ou moins l’ambiance sombre des lieux de réception et des chambres. Site web : www.malmaison.com/locations/belfast

- Restaurant Ox, une étoile au Michelin



Surplombant la rivière Lagan, face à la Spirale de l’Espoir, le restaurant ne s’affiche pas vraiment de l’extérieur. Juste une large façade vitrée laissant filtrer le regard sur une salle minimaliste de briques apparentes, de simples tables et chaises de bois et au fond, la cuisine ouverte. Le ton est donné. L’ambiance est détendue. Pas de nappe superflue. On est là pour apprécier la cuisine saisonnière et créative de Stephen Toman et d’Alain Kerloc’h, breton d’origine.

La formule proposée est simple, 3 plats au choix le midi, 5 le soir pour un menu surprise composé au dernier moment, selon les approvisionnements et l’humeur. Avec accord des vins à chaque plat. On appréciera la truite fumée au sésame, gelée et haricots paille, les girolles à la truffe et tagliatelles de céleri ou encore le filet de chevreuil au carpaccio de navets et figues. La porte à côté s’ouvre sur Ox Cave et ses vins choisis et autres alcools Irlandais ! Site web : www.oxblfast.com

- Deanes at Queens, un Bib au Michelin

Dans le sympathique quartier universitaire de Belfast, un restaurant bar et grill agréable dont on apprécie la grande terrasse en été. De bons produits locaux, une ambiance jeune et conviviale, une bonne table avant la visite du musée de l’Ulster ou du jardin botanique à proximité. Site web : www.michaeldeane.co.uk/deanes-at-queens

PRATIQUE


Formalités : carte d’identité ou passeport,

Conduite : à gauche. Ne pas oublier le permis de conduire,

Monnaie : la livre sterling (1£ = 1 euro), distributeurs partout,

Heure : décalage horaire 1 heure en moins toute l’année,

Climat : changeant, prévoir des vêtements chauds et imperméables et aussi des lunettes !

Prises électriques : 220 volts, prises 3 fiches plates. Prévoir un adaptateur,

Téléphone : en Irlande du Nord, 00 44 puis code. Régional, sans le 0, suivi du numéro.

Guides : Belfast l’Essentiel (Editions Nomades), Routard, Evasion, GéoGuide, Lonely Planet, Michelin Vert.


Pour en savoir plus :


Consulter les sites web : www.irlande-tourisme.fr et www.visitbelfast.com

Y aller : Easyjet assure 4 à 6 vols directs/semaine Paris/Belfast, selon la saison. Site web : www.easyjet.com

(Photos : Martine Delaloye).





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