Espagne : Les Asturies, entre mer et montagne

le 17/08/2017

Une randonnée dans les alpages et un farniente sur une plage dans la même journée ? Dans les Asturies, c’est possible ! Des paysages époustouflants, un riche patrimoine et une gastronomie surprenante… cocktail séduction idéal. Découverte…




Par Martine Delaloye

Une nature spectaculaire…


Sur la côte nord de l’Espagne, cette petite région des Asturies trop peu connue, qui a la forme d’une aile de papillon, est coincée entre la Galice et la Cantabrie. Etonnant paradis naturel, où les falaises du littoral semblent plonger dans la mer, où les pics enneigés surplombent les plages de sable fin, qui réserve de belles surprises !



Grandiose et verdoyante, la nature s’en donne à cœur joie. Si bien qu’un tiers de son territoire est protégé. On ne compte pas moins de 6 réserves de biosphères, classées au patrimoine naturel de l’Unesco depuis 2011, où survivent des espèces animales sauvages, menacées d’extinction. Entre pics montagneux, lacs limpides, cascades fougueuses et villages authentiques, la cordillère cantabrique est le paradis des amoureux de la nature, des randonneurs à pieds ou à vélo qui apprécient au passage les produits locaux, fromages de chèvres, confitures et plats régionaux… Le Littoral bordé de falaises à pic, de nombreuses plages de sable blanc, de villages de pêcheurs et de petites villes côtières, réserve aussi de belles découvertes.


Avilès, Gijon, Oviedo, le charme discret des petites villes…


Pittoresques et animées, ces petites villes aux jolis ports comme Aviles et Gyjon ou encore Oviedo, une ville de conte de fée selon Woody Allen, toutes trois très proches, ont plus d’un atout dans leur sac.



Aviles, entre histoire et modernité…


Un port avant tout, et même le deuxième port le plus important des Asturies sur le mer cantabrique. Mais aussi une petite ville médiévale fondée en 1085. Le cœur de la ville, c’est la vieille ville moyenâgeuse, classée site historique, encerclée par la rue Galiana, et la rue Ferreria, petites rues pavées bordées d’arcades romantiques où se sont installées de charmantes boutiques et des terrasses accueillantes où s’attabler pour un verre de cidre, la boisson traditionnelle et conviviale des Asturies. La ville ne manque pas de sites historiques, de nombreux Palais, le Palais de Valdecarzana et de Camposagrado ou encore le Palacio Valdès qui abrite le théâtre, la vieille église Sabugo et celle plus moderne de Tomas de Canterbury, l’hôtel de ville, ou encore la fontaine Canos de San Francisco du XVIIe siècle où des têtes qui crachent l’eau, jusqu’à la « monstrueuse », une sculpture réjouissante de la femme d’un notable plus que rondelette. A moins que la rue commerçante Camara ne retienne le visiteur en mal de shopping.

- Les maisons des Indianos



On n’est pas sans remarquer au passage quelques belles villas de style exotique. Ce sont les maisons des Indianos, les maisons des émigrés espagnols partis d’Europe fin 19e siècle-début 20e siècle et qui ont fait fortune en Amérique latine - Cuba, Mexique, Venezuela, Argentine – On reconnaît le pays d’émigration à la couleur de la maison. Bleu pour Cuba, ocre pour l’Argentine, rouge pour le Mexique… Il n’est donc pas rare qu’un Asturien ait un oncle d’Amérique !

- Les horreos, les greniers à grain ou à pain

De drôles de petites maisons haut perchées sur des piliers de bois ou de pierres attirent l’attention. Ce sont les horreos, les greniers à grain, emblématiques des Asturies. Véritables coffres-forts des familles, ils rappellent le passé agricole de la région. On y conservait le maïs, les pommes de terre, oignons ou encore le pain dans les paneros à l’abri de l’humidité et des rongeurs. Parfois aussi, ils servaient de dortoir aux enfants des familles nombreuses.



- La culture de la modernité

Figure de proue de l’architecture contemporaine, le centre culturel construit par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, qui n’aimait pas les lignes droites comme en témoigne l’édifice, est un lieu de culture et de spectacles. De nombreuses personnalités des arts, du cinéma, de la danse, de la musique s’y sont produites… dont on trouve le passage à la Casa Tataguyo, le plus vieux restaurant de la ville datant de 1845 où Woody Allen, Jessica Lange, Brad Pitt figurent en bonne place sur les photos en compagnie du chef. On comprend que le lieu est un rendez-vous incontournable autant pour sa cuisine de la mer très appréciée que pour sa fréquentation très VIP. Beaucoup de ces visiteurs d’ailleurs ont reçu le prix de « Princesse des Asturies », dans la catégorie Art, comme Nyemeyer, Bob Dylan, Pedro Almodovar, Francis Ford Coppola, Woody Allen…

Après les dégradations de l’exploitation sidérurgique, le quartier a subi un vrai lifting ces dernières années, tout au long des 3 km de la promenade de La Ria allant du port au centre Niemeyer. C’est maintenant un agréable but de promenade. La ville reste toutefois, un centre sidérurgique très important avec les usines Arselor Mital par exemple, confortant la croissance démographique et l’essor économique.



- Dîner à la cidrerie-restaurant Tierra Astur à Avilès

Dès l’entrée, pas de doute on est dans une cidrerie. Des bouteilles au mur, des bouteilles au comptoir où circule une coulée d’eau pour les rafraîchir, d’énormes tonneaux d’où gicle le cidre et une joyeuse ambiance ! Le cidre est la boisson conviviale par excellence. D’ailleurs, les amis se doivent de partager le même verre. Et tout un protocole accompagne la dégustation de ce cidre dit « naturel » auquel on ne rajoute ni sucre ni gaz carbonique.

Il ne s’agirait pas de le verser n’importe comment. Non, il faut lever très haut la bouteille tenu à bout de bras et bien viser le verre, qui pour l’occasion est plutôt grand et large. Heureusement car c’est du sport ! Et ce n’est pas pour le folklore, mais bien pour l’aérer et neutraliser l’acide acétique. Autre subtilité, on ne remplit que le fond du verre pour qu’il ne perde pas ses qualités et on le resserre tout au long de la soirée par petite quantité. Mais on le boit cul sec !



Et il s’en consomme beaucoup. Dans ce restaurant 400 bouteilles sont servies chaque jour et le double le week-end. Il ne faut pas moins de trois sortes de pommes dosées avec précision, acides, amères et douces pour sa fabrication.Entre douceur et âpreté, il accompagne tout le repas. Et au restaurant Tierra Astur, il faut avoir l’estomac bien accroché. Entre l’assiette de bœuf séchée ou de fromages où figurent en bonne place différentes spécialités servis en entrée (le fromage fait aussi partie du patrimoine gastronomique), suivis de soufflés de maïs au foie gras, puis de frites surmontées de gambas grillées et d’un œuf au plat, de croquettes, de poulpes grillés et de bœuf pané… on est bien rassasiés ! Site web : www.tierra-astur.com/aviles



Le cidre, une tradition très populaire…


Le pays basque espagnol n’a pas le monopole du cidre. Les Asturies aussi produisent beaucoup de pommes utilisées à la fabrication du cidre. La tradition y est fortement ancrée. La principauté compte un bon nombre de cidreries, dont certaines se visitent comme la cidrerie El Gaitero fondée en 1890. Elle produit 25 millions de bouteilles par an de cidre dit « champanisé » qui supporte le transport contrairement au cidre « naturel » à consommer sur place. Ce cidre qui titre entre 4°et 6° est exporté dans le monde entier. Site web : www.sidraelgaitero.com

Oviedo, une ville des contes de fées…



Si Woody Allen a eu cette vision de la ville, c’est bien qu’elle a quelque chose de magique. Colorée, animée, truffée d’édifices historiques, elle séduit d’emblée. Autour de la cathédrale San Salvador, on se perd dans les petites rues pavées où les maisons aux hautes fenêtres de bois s’avancent en figure de proue. Le musée de Beaux des Arts des Asturies a investi le superbe Palacio de Velarde du XVIIe siècle, le musée archéologique, le couvent de San Vincente.



Tous les week-ends, sur les places des groupes de danse et de musique perpétuent la tradition du folklore local. Autour de la belle place de l’hôtel de ville et du vieux marché couvert Mercado El Fontan où les étals regorgent de fruits, légumes colorés, poissons, jambons et Fabada - spécialité culinaire à base de haricots blancs, chorizo, saucisses et boudin - les rues bruissent d’une joyeuse animation. On palabre, on se pavane, on profite d’un bon moment de convivialité.

C’est à Oviedo qu’est né le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, lorsque le roi Alphonse II des Asturies part à la recherche du tombeau de Saint-Jacques. On l’appelle le chemin primitif. On peut dire que le roi des Asturies a eu une idée de génie ! D’Oviedo aussi part la route de l’art préroman. Empruntez la route bordée d’eucalyptus jusqu’au promontoire de San Miguel de Lillo d’où la vue s’étend sur la ville. En chemin, dans son cadre bucolique, l’ancien pavillon de chasse du roi Ramino construit vers 848, devenue l’église Santa Maria del Naranco, est un bel exemple de l’architecture préromane. Les trois ouvertures à colonnes figurent d’ailleurs sur le drapeau de la principauté.



Gijon, capitale maritime et dynamique…


Sur la Costa Verde, au centre de la Corniche Cantabrique, la ville est maritime en diable. Du vieux quartier de pêcheurs de Cimavilla, jusqu’aux quais du port de plaisance et tout le long de la grande plage de San Lorenzo qui borde la vieille ville, la mer joue le premier rôle dans la vie des habitants. Entre amis, en famille, on se laisse aller tranquillement, le visage doucement fouetté par les embruns, tout au long de la promenade, avec quelques arrêts sur les terrasses, dans les bars à tapas, et bons restaurants du bord de mer.



La gastronomie à Gijon compte quelques belles maisons. On ne saurait trop vous recommander Auga situé au cœur du port de plaisance, avec vue sur les bateaux. L’établissement mérite bien son étoile au Michelin. Le chef Gonzalo Paneda travaille avec finesse les produits de la mer, le turbot de la côte et sa mayonnaise au pili-pili que les tripes ou encore la surprenante soupe de fromage de chèvre avec noisette, miel, biscuit à la noisette et huile d’olive, servie en dessert ! Site web : www.restauranteauga.com - Ou encore Gloria, un restaurant du centre ville pour sa fréquentation trendy. Site web : www.estasengloria.com

La ville est jeune. Les rues débordent de boutiques de mode, l’université fondée en 1948 affiche une architecture massive et austère mais accueille près de 2500 étudiants dans des sections aussi diverses que technologie, musique, opéra… Tous les vendredis soirs, en été, les plages sont prises d’assaut pour des soirées « cidre » qui n’en finissent pas.


Le Parc National des Pics d’Europe, tout simplement magnifique…


Au départ d’Aviles, à 20 km seulement de la mer, les Pics d’Europe, le massif le plus élevé de la cordillère cantabrique, culmine au sommet du Torre de Cerredo à 2 648 m. On les appelle aussi « la Suisse espagnole ». Un panorama fabuleux, paradis des randonneurs !



A mi-chemin, Cangas d’Onis et son pont romain où pend en son centre la croix de la Victoire de Convadonga, est une petite ville charmante et très touristique. On y trouve de fabuleuses boutiques de produits locaux où se ravitailler de légumineuses en tous genres, confitures, miels, jambons, fabada présentée sous vide, spécialité des Asturies et autres produits fins. Site web : www.la-barata.com

Un peu plus loin, le sanctuaire de Convadonga constitue un site fabuleux où s’arrêtent croyants et touristes, autant pour l’imposante basilique néo-romane en pleine verdure que la grotte consacrée à la vierge de la Santina, d’où jaillit une chute d’eau puissante. C’est un lieu de pèlerinage très fréquenté par les Asturiens.



Sotres en Cabrales, un village de montagne…



A quelques distances, Sotrès en Cabrales dans son site magnifique de montagne s’offre au visiteur dans toute son authenticité. De vieilles maisons de pierre imbriquées dans un cadre de verdure avec en toile de fond, les sommets enneigés. Situé à 1050 m, il compte 4 restaurants, 3 hôtels et une auberge de jeunesse, étapes des nombreux randonneurs qui parcourent la région. Le village produit un fromage le « Cabrales » très réputé dans la région. Un fromage bleu, doux au goût qui contrairement à ce que l’on nom pourrait faire croire, n’est pas fabriqué uniquement avec du lait de chèvre mais aussi avec du lait cru de vache et de brebis.

A la fromagerie Main, Javier Diaz et sa femme produisent ce fromage de façon artisanale. Il faut marcher près d’une heure trente en montagne pour atteindre les grottes aux parois glissantes où sont affinés les fromages qui doivent être nettoyés de leur moisissure chaque semaine. On le trouve bien courageux ce fromager mais il faut bien reconnaître que l’effort paie tant le cabrales est délicieux.

La Casa Cipriano hôtel-restaurant, au cœur du village ne paie pas de mine et pourtant c’est une étape de la gastronomie régionale incontournable. La spécialité de la maison, le chevreau de lait cuit dans la cheminée, la fabada, absolument délicieuse, comme à la maison, la facina, aubergines et langoustines gratinées, les croquettes de jambon… Un vrai régal. Et si l’un des villageois attrape son accordéon et pousse la chansonnette, sûr que vous danserez ! Site web : www.casacipriano.com

Notre carnet d’adresses :



-Hôtel Villa Rosario**** à Rivadesella



Dans la petite ville balnéaire de Ribadesella, entre Lianes et Gijon, la Villa Rosario a tout le charme d’une maison familiale de bord de mer du début du 20e siècle. Un merveilleux petit côté désuet et élégant et un confort contemporain. De belles chambres, hautes de plafond, aux grandes fenêtres s ‘ouvrant sur la mer. Un hôtel 4 étoiles que l’on quitte avec regret. Site web : www.hotelvillarosario.com

- Hôtel le Palacio de Aviles*****

Sur la belle place d’Espagne, le Palacio de Avilès a pris possession du magnifique palais du Marquis de Ferrera datant du XVIIe siècle. On ne saurait descendre le monumental escalier de pierre sans un brin de majesté qu’inspirent les lieux. Un hôtel 5 étoiles, luxueux et confortable, idéalement situé au cœur de la ville et à 5 mn de la côte avec vue sur le magnifique parc Ferrera de 85 000 hectares pour 85 000 habitants ! Il serait vraiment dommage de faire l’impasse sur le restaurant La Capilla, installé dans la chapelle. On y mange très bien.


Pour en savoir plus :


Y aller : Vueling assurent de nombreux vols Paris/Barcelone et Barcelone/Oviedo. Site web : www.vueling.com

Informations : consulter le site de l’Office du Tourisme Espagne : www.spain.info/fr

(Photos : Martine Delaloye).





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