Audrey Hepburn et Mme de Staël, les Dames du Lac

le 24/06/2017

Sur les rives du Léman, deux expositions sont consacrées à ces femmes d’exception. Un voyage au cœur de l’élégance, de l’esprit et de l’art. Découverte…



Par Martine Delaloye


L’exposition "Audrey Hepburn - Hubert de Givenchy". Une élégante amitié » a pris ses quartiers d’été jusqu'au 17 septembre 2017 à Morges, à la Fondation Bolle, au musée Alexis Forel et au château de la petite cité vaudoise. On y court !

Inoubliable Audrey Hepburn...


Une silhouette gracile, un visage mutin, de grands yeux noirs et une élégance naturelle, Audrey Hepburn est dans toutes les mémoires. Un physique, en totale rupture avec les critères de beauté de l’époque, des blondes pulpeuses, qui a conquis le public des années 60 et passé les époques.



Un cocktail de charme qui a séduit Hubert de Givenchy. Et pourtant ce n’était pas gagné dès le départ. Leur rencontre s’est faite sur un quiproquo. Mr de Givenchy attendait Catherine Hepburn, actrice alors très en vogue. La déception est de courte durée et fait place à une amitié indéfectible qui durera jusqu’à la mort de cette délicate égérie. « Vacances romaines » qui lui valut l’oscar de la meilleure actrice, « Diamants sur canapé », « Breakfast at Tiffany’s », « My Fair Lady », « Sabrina », « Au risque de se perdre » ou encore son dernier film « Always » en 1989 où elle incarne un ange, film prémonitoire si on peut dire… Et bien d’autres films mythiques qui scellèrent leur relation. Une collaboration unique entre deux belles personnes, le couturier français et l’actrice britannique que l’élégance rassemblait.


Une exposition intimiste et émouvante...


Il a fallu toute la passion et le pouvoir de persuasion de Salvatore Gervasi, conservateur de la Fondation Bolle, pour que l’exposition voit le jour.  Après les deux expositions de La Haye et de Madrid, monter un événement de cette ampleur à Morges dans les 80 m2 de la galerie et convaincre Hubert de Givenchy n’était pas à priori une évidence. C’était oublier qu’Audrey Hepburn a passé les 30 années les plus heureuses de sa vie dans sa villa « La Paisible » dans le petit village de Tolochenaz sur les hauteurs de Morges, où elle repose désormais. Un argument auquel Hubert de Givenchy a été très sensible ainsi que Sean et Luca, les deux enfants de l’actrice. D’autant que le musée Alexis Forel et le château ont ouvert leurs portes à l’événement. www.fondationbolle.ch



L’amitié, toile de fond d’une exposition très « couture »...


« Une élégante amitié » sous-titre de l’exposition transparaît dans la mise en scène léchée. C’est avec toute la maestria de ses 90 ans, le perfectionnisme d’un couturier de Haute Couture mondialement reconnu, que Hubert de Givenchy a supervisé la manifestation, en hommage à une femme dont les convictions et l’amitié n’ont jamais failli.

On peut y voir 77 croquis originaux, dont seulement 28 ont déjà été exposés, que le créateur a généreusement offerts à la fondation, les petits mots échangés avec son égérie, le fourreau noir de Diamants sur canapés, la robe longue noire et l’ensemble rose de « Breakfast at Tiffany’s »… 54 robes en tout, dont la plupart a été portée par l’actrice et, rareté, une des éditions originales du parfum « l’Interdit » créé spécialement pour Audrey Hepburn.  Une incursion dans le monde de la création, du luxe et du glamour.



Et aussi les nombreux magazines, cartes postales, affiches publicitaires dans toutes les langues… La renommée d’Audrey Hepburn ne connaissait pas de frontières. A l’image de sa personnalité généreuse, ambassadrice de l’UNICEF, qui a consacré une grande partie de sa vie au « Audrey Hepburn Children’s Fund » pour venir en aide aux enfants.



Morges, un cadre glamour...


On ne résiste pas à la petite ville du bord du lac où Audrey Hepburn s’est mariée avec Mario Dotti dans la petite robe rose coiffée d’un fichu, une création audacieuse de Givenchy qui a défrayé les chroniques de l’époque. Elle y a vu grandir ses enfants dans ce cadre serein, avait ses habitudes au marché, chez l’épicier… A voir, au château, la vidéo touchante des témoignages de tous ceux qui ont approché cette femme discrète. Une ville de charme à l’image de la comédienne, que l’on parcourt avec bonheur, de la Fondation Bolle au Musée Alexis Forel jusqu’au château, à la poursuite de sa silhouette indémodable que les créations du couturier sublimaient.



Mme de Staël au château de Coppet...


A deux siècles de là et quelques encablures, Mme de Staël du nom de son premier mari, fille du banquier genevois, Jacques Necker, ministre des Finances de Louis XVI, n’était pas sans manquer d’une réputation bien marquée. Si elle ne brillait pas particulièrement par sa beauté, son esprit faisait des ravages. Au château de Coppet, à proximité de Nyon, se précipitait tout ce que la bonne société comprenait de penseurs, philosophes, poètes, écrivains, connus sous le nom du « Groupe de Coppet ». Lord Byron, Chateaubriand, Voltaire, Mary Shelley la romancière, Mme de Récamier dite « la belle des belles » qui avait sa chambre à demeure. Et bien sûr Benjamin Constant, son amant avec lequel elle entretenait une relation orageuse et dont elle eut une fille, Albertine.



Féministe avant l’heure, femme libre - son deuxième mari avait 22 ans de moins qu’elle - femme de lettres, révolutionnaire dans l’âme, on la redécouvre à l’occasion du bicentenaire de sa mort. Une occasion pour relire ses œuvres romanesques « Delphine » et « Corinne et L’Italie » ou encore ses essais philosophiques. Tenue à distance de Paris, par Napoléon qui ne voyait pas d’un bon œil cette femme dérangeante qu’il soupçonne de fomenter la révolution, elle réintègre le château de Coppet et continue à entretenir une relation étroite avec l’Europe et les mouvements philosophiques qui la traverse.

On retrouve avec bonheur cette femme des Lumières dans son univers du Château du XVIIIe siècle, dans la bibliothèque, la salle à manger, sa chambre, parmi les tableaux la représentant, le buste de Mme de Récamier, son amie… Un parcours original, olfactif où sont dispensées les senteurs de l’époque et une animation sonore. Et aussi lors de toutes les manifestations organisées en 2017 autour du romantisme. Un petit détour s’impose, au petit musée de la vie quotidienne de Coppet et à côté, à la pâtisserie Guillaume Bichet pour son délicieux gâteau à la truffe à l’effigie de Mme de Staël.



Le siècle des Lumières au château de Prangins...


A l’image de la France, la Suisse compte bon nombre de châteaux. Le château de Prangins, propriété d’un banquier suisse établi à Paris, Louis-François Guiger, est le plus grand château du XVIIIe suisse. Une belle demeure dominant le lac, une roseraie bordant la façade, quatre platanes plantés il y a 300 ans, et un potager remarquable en font une des demeures les plus visitées. Il accueille aujourd’hui, le Musée National Suisse et ses nombreuses expositions. www.nationalmuseum.ch



L’une d’elle, « Noblesse oblige » invite à partager la vie de château du baron Louis Guiger, dans son cadre raffiné. Salle à manger d’un bleu turquoise, couleur d’origine qui nous étonne par sa modernité, salon tendu de damassé rouge, fenêtres garnies d’Indiennes, faux marbres, portrait de la famille, du jeune louis XV… un univers reconstitué qui garde toute sa magie. Une visite qui se fait en 4 langues avec une animation ludique de silhouettes qui animent les lieux. Bonne initiative !

Mme de Staël y est venue, Voltaire, Joseph Bonaparte, Mr Necker qui voulait acheter le domaine. Le Baron Guiger et sa femme qui y vécurent en couple amoureux… Autant de personnages qui y ont laissé un peu de leur âme… Ne pas quitter les lieux sans une visite au potager pour une découverte de ses essences et variétés. Si vous avez la chance de rencontrer Bernard Messerli, conservateur du jardin, il vous expliquera avec passion et humour toute la différence ! www.nationalmuseum.ch

La côte, un petit territoire béni des Dieux...


Cette côte du Léman baignée de soleil où le vert des collines boisées joue avec le bleu des eaux du lac et les sommets des Alpes en vigie, havre de paix de nombreuses personnalités du monde du sport et du showbiz, cache de discrètes petites villes de charme. Nyon, petite cité romaine se targue de posséder trois musées : le musée romain, celui du Léman, un musée historique ou encore le beau musée de la porcelaine dans le château du XIIe siècle dominant les toits et le lac !

Au passage, on retrouve quelques sites qui ont inspiré Hergé pour l’illustration de l’Affaire Tournesol, la fontaine du Maître Jacques dans la rue de Rive, la maison du professeur Topolino, la jeep Willys de 1953 conservée par les sapeurs-pompiers. On découvre aussi qu’Hergé s’est inspiré du personnage d’Auguste Piccard pour le personnage du professeur tournesol. Un parcours ludique pour tous les tintinophiles, de 7 à 77 ans !



Notre carnet d’adresses :


Hôtel La Barcarolle**** à Prangins

Idéalement situé dans une parc dominant le lac, entre Genève et Lausanne, à deux pas de la ville de Nyon, avec en toile de fond les Alpes, cet établissement certifié « Swiss Tourism’s Quality » offre tout le confort et l’accueil d’un séjour au calme, en pleine nature. Le plus, le restaurant dominant le parc et le lac pour la cuisine d’une grande fraîcheur où poisson du lac, dont des filets de perche et légumes croquants se font la part belle. Une très bonne adresse. www.labarcarolle.ch

« Le Pavois », restaurant de l’Hôtel Mont-Blanc

L’adresse est réputée. Au rez-de-chaussée une brasserie chic et une salle plus feutrée à l’étage, les deux partageant la même carte. A la belle saison, il est recommandé de manger en terrasse pour la vue sur le lac. www.hotel-mont-blanc.ch

Restaurant du Casino à Morges

Un casino belle époque, qui conjugue les styles avec audace... Deux salles de restaurant, et une terrasse délicieusement à l’ombre des parasols où apprécier les poissons du lac et les légumes frais. Une préférence pour le filet de boya du lac, une perche de plus d’un kilo, al dante, au bon beurre d’ail des ours, asperges et pommes de terre Pont-Neuf. Un régal. www.casinomorges.ch

Restaurant Le Rive à Nyon

Comme son nom l’indique le hôtel-restaurant-Grill Le Rive est en bordure du lac. On y apprécie autant le service diligent que la qualité des produits et la présentation. Une très bonne table, conviviale où apprécier les écrevisses cocktail, carpaccio de courgettes, purée d’avocat, vinaigre au curry et jus d’agrumes. Et tous les poissons servis avec un tournedos de légumes.


Pour en savoir plus :


Consulter les sites webs : www.suisse.com - www.region-du-leman.ch - www.morges-tourisme.ch et www.nyon-tourisme.ch

Y aller : Au départ de Paris, TGV Lyria Paris/Genève ou Paris/Lausanne. Se renseigner : www.tgv-lyria.com - Nombreuses correspondances pour les villes de Coppet, Morges, Nyon par les chemins de fer suisses. Site web : www.cff.ch

(Photos : Martine Delaloye et Office de Tourisme).

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